Le président tunisien, Kaïs Saïed, a vivement critiqué une récente résolution du Parlement européen qui demande la libération des personnes emprisonnées pour avoir exercé leur liberté d'expression. Dans une allocution officielle alimentée par la tension actuelle, il a qualifié cette démarche d'«ingérence manifeste» dans les affaires internes de la Tunisie.
En recevant son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, Saïed lui a ordonné de protester auprès des autorités européennes, affirmant que celles-ci devaient «tirer des leçons» de la situation tunisienne en matière de droits humains. Cette déclaration intervient moins d'une semaine après qu'il a convoqué l'ambassadeur de l'Union européenne à Tunis pour «non-respect des normes diplomatiques».
Le Parlement européen a voté une résolution appelant à la libération «immediate et inconditionnelle» des personnes arrêtées pour des raisons politiques ou d’expression. Cette résolution évoque directement le cas de Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, qui a récemment été libérée après 18 mois de détention, bien qu'elle soit encore sous le coup de plusieurs poursuites judiciaires.
Ce climat de tension s'accompagne d'une série de procès en appel impliquant des figures de l'opposition accusées de «complot contre la sécurité de l'État», que Saïed a qualifiées de «terroristes» lors d'une vague d'arrestations en 2023.
Les députés européens ont, dans leur résolution, insisté sur la nécessité de préserver la liberté de réunion et d'expression, tout en appelant les autorités tunisiennes à respecter l'indépendance du système judiciaire, un principe pourtant garanti par la Constitution tunisienne.
Dans un discours filmé diffusé par la présidence, Saïed a déclaré que les pays qui méprisent ses normes ou qui ne respectent pas le protocole international devraient se préparer à en subir les conséquences. Il a affirmé : «Nous ne tolérerons aucune forme d'irrespect envers notre pays».
Ce contexte soulève des préoccupations quant à l'état des droits de l'homme en Tunisie, un sujet qui fait l'objet d'un large débat tant au niveau national qu'international. Des experts en droits humains, comme ceux de Human Rights Watch, insistent sur la nécessité d'un dialogue constructif entre la Tunisie et l'Europe pour éviter une détérioration de la situation.







