Une transmission impressionnante à l'horizon
La transmission des biens des générations du baby-boom, prévue pour s'accélérer dans les 15 prochaines années, représente un héritage estimé à 9 000 milliards d'euros. Ce chiffre, avancé par le sénateur socialiste Alexandre Ouizille et des experts, pourrait donner lieu à un transfert de richesses dont le montant dépasse de deux fois et demie la dette nationale actuelle. Ce phénomène attire l'attention des parlementaires, notamment parmi les partis de gauche et centriste, qui proposent d'augmenter la taxation sur ces héritages.
Une tendance prévisible
La diminution progressive des générations du baby-boom, qui détiennent la majorité du patrimoine français de 15 000 milliards d'euros, est largement responsable de ce transfert. L'augmentation du prix de l'immobilier a également joué un rôle clé dans la valorisation de cet héritage. Actuellement, le flux successoral annuel est estimé à 400 milliards d'euros et pourrait atteindre 677 milliards d'euros d'ici 2040, selon les analyses de la Fondation Jean-Jaurès.
Des ressources fiscales en perspective
La fiscalité des successions génère déjà des milliards de recettes pour l'État chaque année. En France, les héritiers de première ligne ne paient pas de droits jusqu'à 100 000 euros, au-delà, un barème progressif, culmine à 45 % pour les plus-values les plus élevées. Les recettes fiscales issues des successions ont atteint 16,6 milliards d'euros en 2023. Si le montant des successions continue d'augmenter, les prévisions suggèrent que l'État pourrait récupérer plus de 30 milliards d'euros d'ici 2040.
Inégalités croissantes en perspective
Derrière ces chiffres impressionnants se cachent d'importantes disparités. Selon l'Insee, les ménages les plus modestes détiennent seulement 8 % du patrimoine total, tandis qu'une fraction infime d'héritiers perçoit des montants colossaux. Un rapport de l'Observatoire des Inégalités souligne que 87 % des héritages en 2018 étaient inférieurs à 100 000 euros, tandis que les 1 % d'héritiers les mieux placés recevaient en moyenne 4,2 millions d'euros.
Ce déséquilibre croissant pose une question fondamentale sur la légitimité et l'impact des héritages dans le patrimoine individuel. Selon le Conseil d'analyse économique, 60 % du patrimoine d'un individu proviendrait désormais d'héritages, contre 35 % au début des années 1970.
Face à ce constat, des économistes tels que Thomas Piketty et des organisations comme l'OCDE ont plaidé pour une réforme renforçant les droits de succession. Pourtant, chaque proposition visant à augmenter la fiscalité sur les héritages se heurte à une impopularité annexe, le « cessions sur la mort » demeurant l'un des impôts les plus mal perçus en France. Les citoyens continuent de rejeter l'idée d'une telle imposition, malgré les enjeux d'équité sociale révélés par cette inégale répartition de la richesse.







