Alors que la Russie envisage de bannir totalement WhatsApp, le gouvernement intensifie ses efforts pour promouvoir Max, une application multiservice développée par le groupe VK. Promue comme une super-application souveraine, Max est déjà sous le feu des critiques, avec des défenseurs des droits humains alertant sur ses potentielles capacités de surveillance.
Une initiative nationale ambitieuse
Lancée cette année, Max aspire à devenir une plateforme multifonctionnelle, à l'image des géants chinois tels que WeChat et Alipay. Elle offre non seulement des services administratifs, mais également des options du quotidien, allant de la commande de nourriture à la gestion des démarches administratives.
Les autorités russes ont fait de l'installation de Max sur tous les nouveaux smartphones une priorité, rendant cela obligatoire depuis le 1er septembre. En parallèle, l'accès à des applications de messagerie étrangères, y compris WhatsApp, a été limité depuis le mois d'août. La régulation Roskomnadzor a même annoncé qu'une interdiction totale de WhatsApp pourrait être envisagée, justifiée par la lutte contre la criminalité numérique.
Des inquiétudes croissantes concernant la vie privée
Le gouvernement avance qu'il souhaite réduire la dépendance vis-à-vis des plateformes étrangères qui stockent les données. Toutefois, Max ne propose pas de cryptage de bout en bout, à la différence de WhatsApp, ce qui provoque un profond malaise parmi les avocats et les défenseurs des droits civiques. Pour eux, cette application pourrait devenir un outil de surveillance des communications des citoyens, exacerbant les inquiétudes autour de la vie privée.
WhatsApp, propriété de Meta, insiste sur le fait que son système de cryptage garantit la sécurité des messages de l'émetteur au destinataire, tout en affirmant qu'il ne partage aucune information avec des gouvernements.
Réactions contrastées parmi la population
Sur le terrain, les opinions sont divisées. Ekaterina, une médecin de 39 ans, partage son scepticisme : "Je n'ai pas trop confiance", admet-elle, ajoutant qu'elle continue d'utiliser WhatsApp pour maintenir ses échanges avec ses patients. D'autre part, Andrei Ivanov, 33 ans, reconnaît que, bien que les données sur WhatsApp puissent être volées, il considère l'application indispensable pour sa pratique quotidienne. "C'est une forme de restriction de nos libertés," s'inquiète-t-il.
Dans un contraste marqué, Sergei Abramov, un retraité de 67 ans, estime que tout ce qui provient de l'étranger représente désormais une menace. Maria Isakova, 36 ans, reste optimiste : "Notre pays sait s'adapter. Je ne vois pas le problème", dit-elle, tout en reconnaissant qu'il existe des alternatives à WhatsApp.
Avec l'évolution rapide de la technologie et des réglementations, les enjeux autour de Max annoncent des débats cruciaux sur la vie privée et la surveillance d'État en Russie. Des experts comme le sociologue Alexei Zhuravlev de l'Université de Moscou avertissent qu'il sera essentiel de suivre de près cette situation pour comprendre comment l'État pourrait utiliser des outils comme Max pour surveiller ses citoyens.







