À la fin des années 1960, un ingénieur audacieux, Paul Jameson, se lance dans un projet de voiture totalement hors du commun : équiper une Rolls-Royce d'un moteur d'avion, le V12 Rolls-Royce Merlin de 27 litres, notamment utilisé dans le Spitfire. Ce prototype, qui ne sera construit qu'en un seul exemplaire, marque le début d'une histoire rocambolesque qui allait susciter la colère du prestigieux constructeur britannique et mener à un procès retentissant.
Le projet, initialement porté par Jameson, est ensuite repris par John Dodd, un passionné qui voit le potentiel incroyable de cette voiture. Pour le design, Dodd s'associe avec une entreprise spécialisée dans la fibre de verre pour donner naissance à la beast MK1. En utilisant un toit de Ford Capri comme base et en intégrant des éléments de carrosserie empreints de l'esthétique Rolls-Royce, il fait de cette voiture un véritable chef-d'œuvre de provocation.
Un succès inattendu
À une époque sans réseaux sociaux, la beast connaît un buzz incroyable, notamment lorsqu'elle parvient à doubler une Porsche à 240 km/h. En 1973, l'engin défie toutes les attentes en figurant sur la couverture du magazine Hot Car et en battant un record de vitesse reconnu par le Guinness World Records. Mais tandis que la beast s'attire l'attention, Rolls-Royce ne voit pas d'un bon œil la notoriété soudaine de ce modèle parodique.
Un procès sous les projecteurs
Le vent tourne lorsque Rolls-Royce décide d'intenter une action en justice pour violation de marque. Dodd, tout en provocant la direction du constructeur, se présente à chaque audience au volant de la beast, avec un pull affichant le logo emblématique de la marque. Ses provocations vont culminer lorsque, un jour, il arrive à cheval au tribunal. Cette stratégie audacieuse, bien que risquée, ne lui rapporte que des ennuis, au point de perdre tous ses biens, y compris son appartement.
Bien qu'éprouvant, cette odyssée mécanique ne freine pas la détermination de Dodd. Malgré l’incendie de la beast, dû à un problème technique survenu lors d'un salon automobile, Dodd s'acharne à reconstruire son bolide. Aujourd'hui, la beast est demeurée dans les annales de l'automobile et continue de faire rêver les passionnés de belles mécaniques.
En fin de parcours, malgré les épreuves, Dodd, aujourd'hui âgé de 90 ans, reste un fervent amateur de voitures anciennes, continuant à réparer des pièces pour Rolls-Royce et Bentley dans son atelier à Malaga. La beast, quant à elle, ne semble pas encore prête à disparaître et a récemment fait l'objet d'une restauration, promettant une nouvelle vie à cet incroyable monstre d'automobile.
Cette histoire est un rappel fort de l'innovation dans le monde de l'automobile et des querelles qui peuvent naître de la passion, transformant une simple voiture en une légende vivante.







