En ce moment crucial de sensibilisation, le nombre de féminicides en France a crû, atteignant 107 cas en 2024, ce qui représente une augmentation de 11 % par rapport à l'année précédente. Cette situation préoccupante a amené des responsables du gouvernement à remettre en question l'efficacité des mesures en place. Charlotte Beluet, haut fonctionnaire au ministère de la Justice, exprime son désarroi face à la persistance de ces violences, notamment pour les victimes ayant déjà signalé leurs agresseurs.
En parallèle, les statistiques révèlent 270 tentatives de féminicides et plus de 272 000 femmes touchées par des violences conjugales. Pour répondre à cette crise, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, s'apprête à présenter un projet de loi-cadre intégrant pas moins de 53 mesures.
Un arsenal de mesures renforcé, mais des résultats décevants
Le Grenelle des violences faites aux femmes (VFF) de 2019 avait impulsé des changements notables, soulignant la nécessité d'une réponse plus rapide et efficace des magistrats et forces de l'ordre. Parmi les avancées, on note l'extension des horaires du numéro d’écoute, 39-19, et l'augmentation des places d’hébergement pour les femmes victimes. De plus, des dispositifs tels que les téléphones grave danger (TGD) permettent une alerte rapide aux forces de l'ordre. En 2024, leur usage a permis de protéger 73 victimes, ce qui témoigne d'une meilleure prise en charge.
Les ordonnances de protection, mises en place en 2010, ont également connu une progression, avec 4 290 décisions en 2024, facilitant l'éloignement des conjoints violents. Cependant, malgré ces progrès, des signaux d'alarme subsistent. Annick Browne, procureure à Châlons-en-Champagne, pointe les limites des dispositifs en milieu urbain, où le bracelet anti-rapprochement peut être inefficace à cause de la proximité géographique entre les victimes et les auteurs.
Des défis persistants dans la lutte contre les violences conjugales
Malgré une augmentation notable des condamnations pour violences conjugales de 133 % entre 2017 et 2024, un rapport sénatorial souligne un taux alarmant de 43 % de plaintes classées sans suite. Ces résultats soulèvent des questions sur le manque de cohérence dans la politique de lutte contre les violences faites aux femmes.
Les experts s'accordent à dire qu'une stratégie plus stratégique et une augmentation des financements sont cruciales. Le rapport appelle également à exploiter davantage les fonds européens et privés pour renforcer les initiatives en faveur des femmes.
Selon le ministère de l'Intérieur, des efforts continus sont nécessaires pour garantir la protection des victimes et réduire le cycle de violence. En parallèle, la prise en compte des enfants comme co-victimes des violences a débuté, une vision innovante qui pourrait aider à repenser la manière dont les cas sont traités dès le départ.
En somme, bien que des progrès aient été réalisés, la montée continue des féminicides souligne la nécessité d'une réévaluation urgente et d'une mise en œuvre plus efficace des stratégies existantes. La voix des victimes doit être au cœur de tout processus futur pour réellement inverser cette tendance tragique.







