La justice britannique s'est penchée ce mercredi sur l'appel déposé contre l'interdiction de l'organisation Palestine Action, édictée par le gouvernement britannique en juillet. Classée comme organisation terroriste, cette décision a conduit à l'arrestation de plus de 2 300 manifestants, dont beaucoup expriment leur soutien au groupe propalestinien.
Cette interdiction a suscité des critiques de la part d'organisations internationales, y compris le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, qui la juge "disproportionnée". Les débats autour de la liberté d'expression se sont intensifiés au Royaume-Uni, alors que de nombreux citoyens prennent part à des manifestations en affirmant : "Je m'oppose au génocide. Je soutiens Palestine Action".
Huda Ammori, cofondatrice de Palestine Action, conteste cette interdiction, arguant qu'elle assimile le mouvement à des groupes comme Al-Qaïda ou le Hezbollah, ce qu'elle considère comme gravement inexact. Lors de la première audience, l'avocat Raza Husain a mis en avant la tradition britannique de défense de la désobéissance civile, insistant sur le fait que la loi et la démocratie doivent protéger ce droit.
Un soutien massif s'est manifesté devant le tribunal, où des dizaines de personnes arboraient fièrement des drapeaux palestiniens. Les critiques envers le gouvernement portent également sur la définition large de ce qui constitue le terrorisme, jugée trop vague par des spécialistes en droit et en droits humains.
En juillet, le ministre de l'Intérieur avait dénoncé une "campagne de plus en plus intense" de Palestine Action, évoquant des actes de dégradation sur des sites sensibles, notamment ceux liés à la sécurité nationale. L’ancienne ministre Yvette Cooper a même suggéré que certains sympathisants ne comprennent pas la véritable nature de l’organisation.
Des voix au sein du collectif Defend Our Juries ont dénoncé cette interdiction comme un abus de pouvoir visant à protéger des intérêts commerciaux liés à Israël. Le groupe se décrit comme un mouvement d'action directe cherchant à mettre fin à ce qu'il appelle un régime "génocidaire" et d'apartheid.
Palestine Action, fondée en 2020, a attiré l'attention après une série de pressions sur des entreprises d'armement, notamment Elbit Systems, qui ont été ciblées pour leurs liens avec l'armement israélien. Selon des informations de Radio France Internationale, le gouvernement travailliste a décidé de cette classification après des actes de vandalisme significatifs sur une base aérienne britannique.
Un juge a déjà autorisé l'examen de deux aspects du recours de Huda Ammori : la potentielle atteinte à la liberté d'expression et le manque de consultation de Palestine Action avant l'interdiction. Si la justice lui donne raison, cela pourrait annuler certaines condamnations, mais ne remettra pas en question les procédures déjà engagées contre des militants pour des actions antérieures à cette interdiction.
Pour plus de détails, consulter les articles du Monde et de Liberties, qui font état des derniers développements dans cette affaire sensible.







