Le procureur de la République de Chartres a annoncé la mise à jour d'une filière de trafic de migrants opérant dans l'Eure-et-Loir. Après une enquête approfondie de trois mois, trois passeurs présumés ont été arrêtés, accusés d'avoir transporté près de 150 migrants vers des camions à destination du Royaume-Uni.
Depuis septembre, une série de découvertes de migrants sur diverses aires de repos de l'Eure-et-Loir a conduit les enquêteurs de l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM) à réagir. Ces migrants, principalement originaires d'Iran et d'Irak, étaient cachés dans des remorques de poids lourds stationnés la nuit, souvent à l'insu des chauffeurs. "Nous avons fait face à une organisation très structurée, avec un modus operandi répété et particulièrement dangereux", a déclaré Frédéric Chevallier, procureur de la République.
Une filière structurée et lucrative
Face à l'ampleur de ce phénomène, le parquet de Chartres a transféré l'enquête à l'antenne Ouest de l'OLTIM, basée à Rennes. Les infractions visées incluent l'aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers, ainsi que l'association de malfaiteurs, avec des sanctions pouvant aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement.
Les investigations menées pendant trois mois ont impliqué des surveillances physiques, des techniques d'enquête avancées, incluant même des drones. Cela a permis de repérer 33 convois nocturnes organisés depuis des lieux de vie en Eure-et-Loir et dans les départements environnants. Trois hommes d'origine irakienne ont été identifiés comme les principaux organisateurs du réseau.
Lors de perquisitions, les policiers ont saisi des outils pour ouvrir des remorques ainsi que plusieurs passeports irakiens. Arrêtés le 1er décembre, les trois suspects, rejoints par un quatrième individu, ont nié leur implication en affirmant vouloir simplement aider d'autres migrants.
Une menace depuis trop longtemps ignorée
Le parquet a souligné que les éléments recueillis révèlent une activité lucrative et bien rodée. Selon Frédéric Chevallier, le coût du transport de migrants pouvait atteindre 5 000 euros par personne. L'enquête serait par ailleurs estimée à environ 600 000 euros générés par le réseau depuis septembre.
Les principaux suspects, âgés de 21, 26 et 36 ans, dont l'un est en état de récidive, ont été déférés au parquet de Chartres et placés en détention en attendant leur procès prévu pour le 14 janvier 2026. « Notre priorité reste la protection des vies humaines et la lutte contre ces réseaux qui exploitent la détresse des migrants, » a ajouté le procureur.
Cette affaire a également suscité des réactions parmi les associations de défense des droits des migrants, qui appellent à une vigilance accrue face à de telles filières souvent méconnues. Comme le note France Info, le contexte migratoire et la crise humanitaire qui en résulte nécessitent une action concertée pour protéger les plus vulnérables.







