Le 4 décembre, la Cour suprême des États-Unis a validé le redécoupage des circonscriptions électorales du Texas, un coup de maître pour le Parti républicain, dirigé par Donald Trump. Avec cette manœuvre, il espère ajouter jusqu'à cinq sièges à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2026.
Cette méthode, connue sous le nom de «gerrymandering», est une technique controversée qui redéfinit les contours des districts électoraux dans un but partisan. Utilisée depuis des siècles, cette pratique a ses racines dans un événement historique de 1811, lorsque le gouverneur du Massachusetts, Elbridge Gerry, approuva un redécoupage qui conférait à un de ses districts la forme d'une salamandre. C'est de cette association que le terme «gerrymandering» a émergé.
Une stratégie des deux grands partis
De nos jours, tant républicains que démocrates s'affrontent dans une bataille incessante pour optimiser leur représentation. Une analyse menée par le Centre pour l’information politique a montré que dans un État avec une répartition populationnelle mixte, le parti au pouvoir peut fracturer les circonscriptions majoritairement opposées pour créer des districts favorables à ses électeurs.
Les exemples abondent : le gouverneur de l’Illinois, JB Pritzker, a annoncé son intention de riposter face au redécoupage républicain du Texas, en promettant de reprendre la même stratégie dans son propre État, fort d'un passé politique où Barack Obama a laissé une empreinte indélébile. Le gouverneur de Californie a également exprimé des intentions similaires, mettant en lumière un cycle de représailles qui semble inévitable.
Mais en dépit de son efficacité, le gerrymandering soulève des questions éthiques. La Cour suprême, tout en reconnaissant cette méthode comme légale, a décidé en 2019 de ne pas intervenir dans les affaires de redécoupage partisan, se dégageant ainsi d'une responsabilité qui, d’après les experts, pourrait remettre en cause les fondements mêmes de la démocratie américaine. Le professeur de sciences politiques à l’Université de Californie, Nathaniel Persily, souligne que cette dynamique pourrait « déformer la volonté populaire » et exacerber les clivages politiques.
Au fur et à mesure que la technologie facilite l’analyse des données électorales, les partis seront tentés de recourir à des manipulations encore plus élaborées. Alors que les élections de mi-mandat approchent, le débat s'intensifie sur ce que signifie vraiment une représentation équitable et sur la manière dont la politique pourrait évoluer dans un paysage où le redécoupage façonne les résultats.







