Pâtes, poulet et calumet de la paix : les négociations annuelles entre la grande distribution et l'industrie agroalimentaire débutent dans une atmosphère rassérénée. Ce climat est le fruit d'une charte signée récemment, qui vise à réduire les tensions habituellement présentes lors de ces discussions.
À partir de ce lundi et jusqu'au 1er mars, les négociations, souvent marquées par des conflits d'intérêts et la guerre des prix, tenteront de fixer les tarifs, les modalités de livraison et d'autres conditions essentielles entre les supermarchés et leurs fournisseurs. Ces tractations, impliquant des distributeurs à la recherche de prix compétitifs et des industriels s'inquiétant de la montée des coûts de production, s'annoncent cruciales pour l'avenir des prix en rayon.
Cette année, le dialogue a commencé plus tôt, dès novembre, permettant d’élaborer une charte commune inédite impliquant des acteurs clés tels que la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et plusieurs organisations industrielles. L’accord final, obtenu par un dialogue constructif, met l'accent sur le respect mutuel, l'attention aux PME et la valorisation des produits frais, un souhait exprimé par de nombreux participants à ces négociations.
Thierry Cotillard, dirigeant du Groupement Mousquetaires/Intermarché, a souligné l'importance de cet accord en disant : "C'est un signal positif après des années d'hyperinflation, et l'enjeu principal reste le tarif final payé par le consommateur." De son côté, Karima Kaci, directrice générale de Pact'Alim, a salué cette avancée vers des discussions plus sereines, insistant sur la nécessité d'accélérer le processus concernant les PME.
Ce traitement privilégié des PME, dont les négociations devront se conclure avant le 15 janvier, a été acclamé par plusieurs intervenants. "Il s'agit de discussions plus rapides et efficaces, ce qui permettra aux PME de se concentrer sur leur développement et leurs projets d'investissement", explique Léonard Prunier de la Feef, qui représente 22 000 petites et moyennes entreprises. Cependant, l’ombre des multinationales plane toujours sur ces discussions, suscitant des craintes quant à des exigences excessives qui pourraient désavantager les PME et chercher à briser cet équilibre fragile.
Au-delà de ces enjeux, l’introduction d'une commission d’enquête par le Sénat sur les marges des grandes surfaces pourrait également perturber ces négociations. Les industriels, par ailleurs, avaient demandé en 2025 une augmentation moyenne de 5,7 % des prix, alors qu'ils n’ont finalement obtenu qu'une hausse de 1,5 %. Judith Jiguet, de la FCD, affirme que cette charte est une véritable volonté collective d'améliorer la situation globale. "Nous nous engageons à réévaluer régulièrement notre avancée et à procéder à un bilan ensemble tout au long du processus." La suite des événements dans les semaines à venir sera donc déterminante pour comprendre la viabilité de cet accord et son impact sur le marché français.







