La France est à nouveau secouée par la mobilisation de milliers d'agriculteurs qui se dirigent vers Bruxelles pour exprimer leur mécontentement. Leur irritation s'est intensifiée en raison de la situation préoccupante liée à la dermatose nodulaire et des craintes suscitées par l'accord commercial Mercosur.
Ce jeudi 17 décembre, les routes sont parsemées de tracteurs provenant notamment du Sud-Ouest, de Normandie et des Hauts-de-France. Les agriculteurs manifestent non seulement contre la crise sanitaire actuelle, mais surtout contre un traité qu'ils perçoivent comme une menace pour leurs moyens de subsistance. Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte où la Commission européenne envisage de signer cet accord avec le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay.
Le traité, qui vise à faciliter les échanges commerciaux, est controversé en raison de ses implications pour le secteur agricole. Selon les acteurs de ce secteur, une concurrence déloyale risquerait de nuire à l'agriculture européenne, car les normes environnementales et de sécurité alimentaire en vigueur en Amérique du Sud sont moindres. Les inquiétudes sont telles que le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a qualifié la situation actuelle de "goutte d'eau" qui a fait déborder le vase du mécontentement existant. Plus de 113 foyers de contamination de dermatose nodulaire ont été identifiés en France, et la réponse gouvernementale, jugée insuffisante, a exacerbé les tensions.
Les syndicats agricoles estiment que jusqu'à 10 000 manifestants pourraient se rassembler à Bruxelles, y compris environ 4 000 Français. La filière agricole sud-américaine, déjà bien implantée sur le marché européen, pourrait bénéficier de l'accord, augmentant ainsi les exportations de produits comme la viande, le sucre, et le soja vers l’UE, au détriment des agriculteurs européens.
Alors que le sommet des chefs d'État à Bruxelles se prépare à discuter de la ratification imminente de cet accord, les craintes se font plus pressantes. Plusieurs pays, dont la France et l'Italie, appellent à faire une pause sur ce sujet. Le président Macron a déclaré qu'il soutiendrait fermement une opposition au traité tant que des garanties ne seraient pas fournies aux agriculteurs français.
Des experts appellent à un débat plus large autour des effets à long terme de cet accord sur la sécurité alimentaire et l'environnement. Ainsi, le député européen José Bové a mentionné que "la survie de notre agriculture est en jeu". Les décisions prises à Bruxelles pourraient influencer significativement la direction de l'agriculture européenne et la vie des agriculteurs dans les années à venir.
En somme, tandis que les tracteurs défilent vers la capitale belge, la question de la durabilité de l'agriculture européenne se pose plus que jamais, et les prochaines heures seront cruciales pour l'avenir du secteur. La tension palpable dans l'air montre que la lutte pour la reconnaissance des agriculteurs est loin d'être terminée.







