Le 18 novembre dernier, une commission d’enquête a rendu un avis défavorable concernant le projet d’éoliennes géantes prévu à Griselles dans le Loiret. Cette décision est accueillie avec soulagement par les habitants qui se sont mobilisés depuis plusieurs années. Cependant, le combat n'est pas encore terminé.
Claude Madec-Cleï, le maire de la commune, rappelle que l’avis des commissaires enquêteurs n’est pas nécessairement suivi par l’État. « Il faudra attendre que la préfète du Loiret prenne une décision pour dire que nous avons réellement remporté la bataille », précise-t-il. Si la préfète refuse le projet, cela pourrait mener à un recours de la part des promoteurs, un scénario fréquent dans ce type de dossiers, explique-t-il.
La résistance des habitants a commencé dès 2019, bien avant l'élection du maire actuel, avec l’initiative de groupes de défense qui se sont constitués pour s’opposer au projet porté par les sociétés CPENR et ABO Energy, prévoyant trois éoliennes d'une hauteur d'environ 200 m.
Le site choisi, situé à proximité de Griselles et Chevannes, a suscité une forte opposition locale, se traduisant par des réunions houleuses, la constitution d'associations, des pétitions et de nombreuses tribunes dans la presse. Cette mobilisation s'est intensifiée lors de l'enquête publique en 2025, qui a recueilli des centaines de contributions, majoritairement défavorables au projet.
L’unité contre le projet
Le rapport publié ce mois-ci met en lumière plusieurs éléments ayant conduit à son avis négatif. Un point marquant est l'unanimité des collectivités consultées, une rareté dans ce genre d'enquêtes. Les impacts sur le paysage et la proximité des habitations sont des préoccupations majeures, malgré le respect des distances légales. La commission considère que la distance minimale de 500 m est insuffisante compte tenu de la configuration du terrain et des préoccupations des riverains.
En outre, le dossier présente un manque de transparence, avec certaines pièces manquantes, notamment des avis d'organismes compétents tels que la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et l'architecte des Bâtiments de France. Des questions subsistent également concernant la stabilité des sols et les nuisances potentielles durant la phase de chantier.
Le rapport soulève des préoccupations sur l'impact du projet sur le tourisme et la valeur immobilière des biens à proximité des éoliennes. Une contribution a même fait référence à une jurisprudence récente indiquant une dépréciation des maisons proches des parcs éoliens.
Un danger potentiel pour les chauves-souris
L'acceptabilité sociale du projet a constitué un point essentiel dans l'évaluation. Avec une forte opposition publique visible lors des permanences et une multitude de contributions en ligne, la commission a noté qu'un dialogue constructif n’avait pas pu être établi, qualifiant la démarche de concertation du promoteur d'insuffisamment efficace. Enfin, bien que les impacts sur les oiseaux aient été jugés non significatifs, les réserves sur les chauves-souris demeurent, avec des risques identifiés pour les colonies locales.
En synthèse, la commission conclut que les éléments défavorables, tels que l’opposition des collectivités, l’impact paysager, et les incertitudes environnementales, l’emportent largement. Le projet ne remplit donc pas les conditions nécessaires à sa poursuite dans l'état actuel.
La communauté attend désormais avec impatience la décision de Sophie Brocas, la préfète du Loiret, qui aura le dernier mot dans cette affaire délicate.







