Le gouvernement français et le Sénat ont trouvé un consensus, recentré samedi autour d'un transfert sans précédent de 15 milliards d'euros de dette sociale vers la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades). Ce mouvement vise à alléger la trésorerie de la Sécurité sociale face à des projections alarmantes concernant une potentielle crise de liquidités espérée pour 2027.
Une réaction urgente aux alertes de la Cour des comptes
Au printemps dernier, la Cour des comptes avait sonné l'alarme sur l'« incapacité grandissante » de la Sécurité sociale à gérer sa trésorerie à court terme, évoquant des risques sérieux de pénurie de liquidités qui pourraient survenir dès 2027. Ce constat, rendu encore plus inquiétant par l'augmentation continue des exigences de financement de l'Acoss, l'agence régulatrice des finances sociales, a poussé le gouvernement à agir.
Traditionnellement, l'Acoss pouvait compter sur les emprunts à moyen et long terme de la Cades pour équilibrer sa dette, mais celle-ci a atteint sa capacité maximale. Augmenter cette limite aurait requis une loi organique, une démarche complexe sans majorité claire au Parlement. Grâce à des performances financières plus solides que prévu, un transfert exceptionnel a été envisagé sans nécessiter de changement législatif.
Une mesure ponctuelle mais nécessaire
Avec cet amendement, le gouvernement a validé le transfert de 15 milliards d'euros pour 2026. Selon Stéphanie Rist, ministre de la Santé, cette décision constitue « une solution ponctuelle, bien que partielle, pour sécuriser efficacement la trésorerie de notre protection sociale ». Si le vote a recueilli un large soutien, plusieurs membres du Sénat ont mis en lumière l'aspect éphémère de cette solution, avertissant qu'elle n'adresse pas les problèmes structurels de financement à long terme.
La gauche a critiqué cette démarche, l'accusant de tenter de « dissimuler l'ampleur des dettes » accumulées. Bernard Jomier, sénateur socialiste, a exprimé des inquiétudes, déclarant : « Pourquoi ne pas proposer une loi en 2026 pour aborder cette question de front ? Un débat à l'approche des élections mettrait en lumière la gestion critiquable des finances sociales. »
Cette situation met en exergue un défi persistant pour le gouvernement. Alors que des décisions urgentes sont nécessaires pour stabiliser les finances publiques, la question demeure : quelles seront les stratégies mises en place pour assurer un financement durable à l'avenir ? Les jours à venir s'annoncent cruciaux, alors que les différents acteurs politiques s'affrontent sur la mise en œuvre de solutions durables.
(Sources : AFP, Le Monde, Les Échos)







