À l’aube d’une législation stricte, la France a décidé d’agir contre la prolifération des deepfakes à caractère sexuel. La députée socialiste Céline Thiébault-Martinez a récemment déposé une proposition de loi au sein de l'Assemblée nationale, marquant un tournant décisif dans la lutte contre ces contenus choquants.
Ce projet de loi, qui a été présenté le 24 novembre, vise à durcir les sanctions non seulement pour la diffusion, mais également pour la création de deepfakes, notamment ceux qui mettent en scène des individus sans leur consentement. Comme le souligne la députée, « l'article 32 incrimine la création d’hypertrucages à caractère sexuel, en plus de la diffusion de tels contenus », une initiative qui pourrait transformer le cadre juridique face à ce fléau qui touche principalement des femmes, selon une étude de Deeptrace de 2019.
Les deepfakes, ces montages vidéos qui manipulent l’image et la voix d’individus – souvent à des fins pornographiques –, sont en forte hausse grâce à l'accessibilité de technologies puissantes. Un rapport indique qu'environ 96% des deepfakes créés sont d’ordre pornographique, et alarmante-ment, 90% des victimes sont des femmes. Le phénomène ne touche pas uniquement les célébrités, mais touche aussi des individus ordinaires, comme l’ont prouvé des incidents récents impliquant des collégiennes dans la Manche, où des vidéos à caractère sexuel truquées ont circulé.
Ce fléau ne laisse pas les législateurs indifférents ; la France s’inscrit dans un mouvement global. D'autres pays, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, adoptent également des législations pour contrer ces abus. Au Royaume-Uni, une initiative récente du gouvernement vise à s'assurer que les technologies d'IA ne soient pas utilisées pour produire de tels contenus. De plus, des lois similaires aux États-Unis ont été promulguées pour gouverner le partage non consenti d'images pornographiques, notamment par le biais de l'intelligence artificielle.
Les experts, tels que Rachel Flore-Pardo, avocate spécialisée en cyberviolences, ont exprimé leurs inquiétudes concernant "le risque de démocratie" si ces contenus continuent de se répandre. Ces avis mettent en lumière les dangers qui pèsent sur la vie privée et la réputation des individus, notamment pour les femmes publiques qui pourraient s’autocensurer.
En revanche, la proposition de loi française se démarque par son ambition. En plus de punir les créateurs de deepfakes, elle vise à interdire la création et la diffusion de ces contenus, en insistant sur la nécessité de prévenir toute forme de production, afin d’éradiquer cette pratique avilissante. Ce tournant législatif pourrait bien poser un jalon dans la protection des droits humains à l’ère numérique.







