Dans une salle d’audience empreinte d’une émotion palpable, les familles des victimes de l’accident du vol AF447, survenu en 2009, ont pu entendre mercredi le réquisitoire du parquet général qui a appelé à la condamnation d’Airbus et d’Air France. Bien que les deux compagnies aient été acquittées lors du procès initial, le parquet insiste sur la nécessité d’un avertissement fort face à leur « indécence » dans cette tragédie.
Ce drame a causé la mort de 228 personnes, et seize ans après les faits, le ministre public a qualifié le cheminement de ce dossier de « long et éprouvant ». Lors de l’audience, l’avocate générale, Agnès Labreuil, a exprimé, dès les premières minutes, la conclusion de l’accusation : « Nous demandons l'infirmation du jugement de première instance et la condamnation des deux sociétés ». Son collègue, Rodolphe Juy-Birmann, a souligné le besoin urgent de rétablir un semblant de justice pour les familles endeuillées qui attendent depuis trop longtemps.
En s'adressant directement aux proches des victimes, Juy-Birmann a affirmé : « J'espère que votre combat prendra fin avec la décision de la cour dans quelques mois ». Lors du réquisitoire, le parquet a fustigé l'attitude des compagnies aériennes, la qualifiant de « défense en granit » et accusant celles-ci d'avoir manqué de respect en ne fournissant aucune forme de soutien aux familles durant toutes ces années.
Concernant les erreurs attribuées à Airbus et Air France, le ministère public a mis en lumière la « sous-estimation » des problèmes liés aux sondes Pitot par Airbus, et un « défaut d'information » qui a paralysé les pilotes. De son côté, Air France est confrontée à des accusations liées à son manque de préparation face aux situations de gel des sondes. En tant que personnes morales, les deux entreprises ne pourront cependant encourir qu'une amende maximale de 225 000 euros, ce qui, selon les avocats, demeurerait une peine insuffisante par rapport à la douleur des familles.
Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris avait disparu des radars en plein vol au-dessus de l’Atlantique, précipitant 216 passagers et 12 membres d’équipage dans une tragédie sans précédent pour l’aviation française. Les causes de cet accident tragique sont en grande partie liées à des défaillances techniques, notamment le givrage des sondes, rendant inopérables les instruments de vol dans un moment crucial.
Airbus a réagi en indiquant qu’il prendrait en compte les conclusions exprimées dans le réquisitoire et s'engage à répondre lors de la plaidoirie à venir. L'entreprise rappelle qu'elle a collaboré étroitement avec les enquêteurs depuis le début de cette affaire, dans un effort pour garantir la sécurité de ses opérations. « Nous le devons à la mémoire des victimes et à tous les passagers qui voyagent à bord de nos avions chaque jour », a ajouté un porte-parole de l’entreprise.
Au-delà des procédures judiciaires, ce dossier soulève également des questions plus larges sur la responsabilité des grands groupes face aux enjeux de la sécurité aérienne. Des experts en aviation, tels que Jean-Pierre Dufour, ancien pilote dans une compagnie française, notent que cette affaire pourrait avoir des ramifications durables pour l'industrie, mettant en lumière des enjeux cruciaux autour de la formation et de l'éthique des compagnies aériennes.







