Le 12 octobre, l'Assemblée nationale a franchi une étape significative en adoptant, en première lecture, une proposition de loi portée par La France Insoumise (LFI) visant à nationaliser ArcelorMittal France. Dans un contexte économique difficile pour la sidérurgie française, cette décision fait débat. Le gouvernement, jugé sceptique à l'égard de cette mesure, souligne que la lutte pour la pérennité de l'industrie doit s'opérer à l'échelle européenne.
Mathilde Panot, cheffe de groupe LFI, a célébré cette adoption comme une "victoire historique". Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de la gauche française, a déclaré que ce vote marquait une "page d'histoire" pour l'Assemblée. Toutefois, l'avenir de cette loi reste incertain, étant donné les chances limitées qu'elle soit votée au Sénat, où la majorité appartient à la droite et au centre.
Malgré une atmosphère de tensions entre les différentes factions politiques, le texte a été approuvé par 127 voix contre 41. Le soutien de la gauche, incluant les socialistes, les écologistes et les communistes, a été déterminant, tandis que le Rassemblement National (RN) a choisi de s'abstenir. La majorité gouvernementale, quant à elle, a opté pour le rejet de la proposition.
Le député Horizons, Sylvain Berrios, a prédit que cette loi ne serait jamais mise en œuvre, arguant que le Sénat ne l'acceptera pas et qu'une nationalisation n'interviendrait pas avant les élections présidentielles. En réponse, Aurélie Trouvé, rapporteure du projet, a affirmé : "Je ne vois pas pourquoi nous n'y arriverons pas. Plus le temps passera, plus il deviendra évident qu'il est nécessaire de nationaliser ArcelorMittal".
Le texte stipule que "la société ArcelorMittal France est nationalisée" et prévoit un mécanisme d'évaluation de sa valeur, estimée à environ trois milliards d'euros. Selon les partisans de cette initiative, cela constituerait "l'unique solution" pour préserver les 15,000 emplois directs liés à cette entreprise, et pour répondre au plan social menacé au printemps dernier. De plus, ils soulignent l'objectif de relancer la décarbonation des sites de production.
À l'inverse, le ministre de l'Industrie, Sébastien Martin, a mis en garde que la nationalisation pourrait fragiliser l'emploi au lieu de le renforcer, soutenant que le véritable défi provient d'une concurrence accrue, notamment de l'acier asiatique. Il a également rappelé que la France a obtenu des mesures d'urgence au niveau européen pour imposer des droits de douane de 50 % sur les importations d'acier au-delà d'un certain seuil, prévue pour entrer en vigueur en 2026.
Les socialistes ont exprimé une préférence pour une "mise sous tutelle" d'ArcelorMittal plutôt qu'une nationalisation, mais ont tout de même soutenu le projet de loi. De son côté, le RN propose une "golden share", permettant à l'État un droit de veto sur les décisions stratégiques sans pour autant impliquer une gestion directe.
Durant les débats, des salariés d'ArcelorMittal ont assisté à la session, soutenus par une manifestation organisée par la CGT. Environ 300 personnes ont convergé vers l'Assemblée pour soutenir cette initiative, sans incidents notables à signaler selon les autorités.
Alors que le plan acier est attendu au Parlement européen pour un vote crucial le 3 décembre, les syndicats et mouvements de gauche intensifient leurs efforts pour maintenir la pression politique. Gaëtan Lecocq, délégué CGT à Dunkerque, a déclaré : "Nous devons tenir la pression jusqu'à ce vote".
En parallèle, les Insoumis ont profité de cette journée pour faire adopter deux autres textes : l'un demandant l'opposition à l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, et un autre visant à garantir l'égalité d'accès au service postal dans les territoires d'Outre-mer, qui devra également passer par le Sénat.







