Mercredi, la communauté juive de Sydney a vécu un moment de profonde émotion en rendant hommage au rabbin Eli Schlanger, la première victime de l'attentat tragique survenu à la plage de Bondi. Abelé dimanche dernier, ce rabbin, affectueusement surnommé le "Rabbin de Bondi", a été tué lors d'une fusillade marquant un des événements les plus meurtriers en Australie depuis des décennies.
Dans une synagogue débordante, emplie de pleurs et de cris de désespoir, les proches du rabbin Schlanger, âgé de 41 ans, ont ressenti l'ampleur de la tragédie. Le corbillard, transportant son cercueil recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a suscité des sanglots inextinguibles. David Deitz, un homme d'affaires de 69 ans, ami de longue date, a exprimé que le rabbin avait eu "une influence positive sur beaucoup de gens".
Ce drame, s’est-il indigné, a choqué l’Australie, un pays perçu comme un havre de paix. "Ce n’est pas dans la nature des Australiens de voir de telles atrocités,” a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'une réflexion collective sur les politiques de lutte contre l’antisémitisme en Australie.
Colère et inquiétude au sein de la communauté juive
Jillian Segal, responsable de la lutte contre l’antisémitisme, a dénoncé cette semaine des préjugés qui, indéniablement, perdurent dans la société. Après une série d’attaques antisémites, elle a été nommée à ce poste pour répondre à l’urgence grandissante. Elle a révélé que les incidents antisémites en Australie avaient augmenté de 316 % depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, atteignant plus de 2 000 cas.
La colère des membres de la communauté est palpable. "Nous avons lancé l’alerte sur la montée de l’antisémitisme, mais peu ont écouté," a déploré Brett Ackerman, 37 ans. Aux côtés du rabbin Yossi Friedman, il a plus ou moins anticipé cette tragédie, se demandant : "Est-ce que nous nous sentons en sécurité ? Pas vraiment."
Une histoire de résilience face à la haine
Pour de nombreux membres de la communauté, qui ont des ancêtres ayant survécu à la Shoah, cet acte est perçu comme une réminiscence des persécutions passées. "Ils sont venus ici pour fuir la haine... et c’est ce que nous connaissons à présent," a observé Yossi Friedman, soulignant la dure réalité de l’antisémitisme toujours présent.
Le Premier ministre Anthony Albanese a qualifié l’attaque de "pure méchanceté" en lien avec l'extrémisme islamiste, tout en faisant face aux critiques sur l'absence de mesures plus strictes. Albanese a fait valoir que son gouvernement prenait des mesures pour interdire le discours de haine et a engagé plus d’initiatives pour un contrôle accru des armes à feu. L'agresseur, en possession de six armes en règle, représente une inquiétude indéniable pour la sécurité publique.
Certains, comme Brett Ackerman, voient les propositions de réforme comme une distraction face à la vraie problématique, celle de l’incitation à la haine. "L’antisémitisme n’est pas uniquement une préoccupation juive. C’est un fléau qui requiert l'attention de toute la société," a-t-il déclaré avec fermeté.
Au moment du départ du cercueil, des chants en hébreu ont émergé, mêlant larmes et résilience. La communauté juive se trouve une fois encore à un carrefour, conscient que ce combat contre la haine est loin d’être terminé. La tristesse s’entremêle avec une détermination renouvelée à faire entendre leur voix. L'inquiétude demeure, mais aussi un sentiment de solidarité face à l'adversité.







