Des coûts revus à la hausse pour le programme EPR2
EDF, le géant de l'électricité en France, a récemment ajusté à la hausse le coût prévisionnel de son ambitieux programme de construction de six réacteurs EPR2, un bond de 40 % comparé aux estimations initiales de 2022. Deux jours après l'annonce, les chiffres révèlent que la facture est désormais de 72,8 milliards d'euros, en augmentation de 8 % par rapport à 67,4 milliards d'euros, évoqués fin 2023. Dans le détail, le coût avait commencé à 51,7 milliards d'euros, ce qui représente une inflation considérable.
Ce projet de relance nucléaire a été mis en avant par le président Emmanuel Macron en 2022, visant à bâtir des réacteurs de nouvelle génération en trois paires dans des sites clés tels que Penly, Gravelines et Bugey. Lors d'un point presse, EDF a stipulé que ce chiffre était établi comme un maximum lors de discussions avec l'État, mais espère néanmoins réduire les coûts grâce à des stratégies d'optimisation.
Le souvenir des EPR de Flamanville
Pour EDF, il est crucial de tourner la page sur les échecs passés marqués par des dépassements budgétaires et des retards dans la construction des EPR, notamment le projet de Flamanville, souvent considéré comme un « chantier maudit ». Ce réacteur a connu des retards conséquents et a finalement été raccordé au réseau électrique avec douze ans de retard. Les anciens dirigeants avaient promis des coûts maîtrisés, mais les réalités ont montré le contraire.
Bernard Fontana, PDG d'EDF, a cependant affirmé que l'entreprise avait « tiré les leçons du passé », en insistant sur son engagement à respecter coûts et délais. « Nous avons pris en compte l'expérience des projets antérieurs et ajouté des provisions pour couvrir les impondérables », a-t-il précisé. Xavier Gruz, responsable de la maîtrise d'ouvrage, a également souligné un souhait de transparence et de contrôle rigoureux pour ce nouveau projet.
Un calendrier déjà révisé
En matière de calendrier, EDF a fixé la mise en service du premier réacteur pour 2038, un délai prolongé par rapport aux prévisions antérieures de 2035-2037. Ce rendez-vous est fondamental, car le groupe doit d'abord soumettre son nouveau devis à un audit étatique au début de 2026. Ce processus est essentiel pour obtenir un accord sur les coûts avant le lancement effectif des travaux.
Le financement du programme repose sur un prêt privilégié de l'État qui couvrira 60 % des coûts de construction, avec une garantie de prix pour les recettes futures sur quarante années, spécifiquement pour le remboursement du prêt. À ce stade, l'Europe doit aussi donner son approbation pour l'aide d'État sollicitée.
La mise en œuvre de ce programme pourrait transformer le paysage énergétique français, mais les défis restent immenses. Les experts soulignent que ce projet doit être surveillé de perto pour éviter les erreurs du passé. Ainsi, alors qu'EDF essaie de bâtir une nouvelle ère pour le nucléaire, les eyes restent rivées sur la capacité de l'entreprise à naviguer dans cette mer d'incertitudes.
