Lors de leur dernière session de l'année, les élus du Conseil départemental de l'Aude se sont unis pour s'opposer à l'abattage systématique des animaux touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Cette décision a été prise à l'unanimité le 18 décembre dernier, soulignant la nécessité de trouver des solutions alternatives à cette épidémie qui menace la filière bovine locale.
Hélène Sandragni, présidente du Conseil, a rappelé que le 23 octobre, face à l'inquiétude suscitée par l'apparition de la maladie dans les Pyrénées-Orientales, un courrier avait été adressé au préfet de l'Aude. Cette missive appelait à la mise en place rapide d'une campagne de vaccination pour protéger les animaux de l'élevage extensif typique des exploitations locales.
Le département a également proposé son soutien via le laboratoire départemental d'analyses (LDA) afin de renforcer le dépistage et d'accélérer la lutte contre cette maladie. La vaccination générale du cheptel a été mise en avant comme une réponse nécessaire pour éviter une contagion généralisée, qui mettrait en péril de nombreuses exploitations audoises, souvent caractérisées par des races locales à faible effectif.
Le Conseil demande voire insiste que le gouvernement prenne ses responsabilités et mette en œuvre une vaccination d'urgence pour tous les animaux dans la zone concernée. En parallèle, il exhorte à explorer des alternatives à l'abattage total des cheptels, d'accorder une aide financière substantielle aux exploitations affectées par les restrictions, et d'initier une réflexion à l'échelle nationale sur les réglementations entourant la lutte contre les maladies des animaux de rente.
Lors des débats qui ont suivi, Kattalin Fortuné, membre du groupe écologiste, a souligné la nécessité d'une approche scientifique dans la gestion de cette crise. Il a critiqué les décisions prises uniquement sur des bases économiques, rappelant que l'abattage de troupeaux entiers en réponse à un seul cas de DNC posait des questions éthiques essentielles. Selon lui, la science mérite d'être entendue, surtout quand elle remet en question les politiques actuelles telles que la loi Duplomb.
La vaccination, bien que nécessaire pour éradiquer la maladie, pourrait compromettre le statut de certaines zones en matière de commerce international, ce qui est une préoccupation majeure pour les filières bovines. Les éleveurs craignent que cela mène à la disparition de races anciennes et adaptées aux spécificités locales. Hervé Baro, vice-président, a cité l'exemple de la Gasconne des Pyrénées, une race locale en danger, dont l'abattage massif pourrait signifier sa disparition définitive.
« On n’abat pas une vache comme on remplace un airbag Takata », a symboliquement conclu Kattalin Fortuné, appelant à une prise de conscience face à l'ampleur de la crise. Les décisions à prendre aujourd'hui auront des répercussions sur des générations d'éleveurs et la biodiversité régionale.







