Du hangar au plat : le saumon d'élevage français fait peau neuve à Chartres

Découvrez comment Chartres réinvente l'élevage du saumon français, en plein coeur de la ville.
Du hangar au plat : le saumon d'élevage français fait peau neuve à Chartres
Saumons et truites grandissent à Chartres (Eure-et-Loir)avant d'être transférés en mer à Cherbourg (Manche)./LP/Christophe Blondel

Une écloserie située dans un hangar à Chartres produit des saumons avant de les transférer en Normandie. Cette initiative vise à diminuer la dépendance de la France, qui importe 85 % de son saumon.

Avec des racines beauceronnes, l'Aquaponic Management Project (AMP) et la SCAEL à Chartres, en Eure-et-Loir, cherchent à allier innovation et respect de l'environnement. Même entourés d'usines de luxe comme Dior et Guerlain, ces jeunes saumons et truites évoluent sans provoquer de nuisances. "C'est surprenant de se dire que nous sommes dans un bureau tout en cultivant des saumons de qualité", partage Pascal Goumain, le PDG d'AMP.

Ces poissons passent quinze mois dans des bassins soigneusement contrôlés avant leur transfert en mer à Cherbourg. Depuis 2019, AMP développe des systèmes de production aquaponique. "Tout est monitoré pour garantir des conditions d'élevage optimales. Les résultats sont supérieurs à ceux de la nature", affirme Olivier Soulas, directeur des opérations.

Un enjeu national pour l'aquaculture

Le taux de survie des saumons en mer a considérablement baissé, de 50 % il y a deux ans à seulement 9 % cette année. Cela est dû au transfert des poissons dans des bassins tempérés pendant l'été pour éviter les eaux chaudes. Malheureusement, la France accuse un retard significatif dans le domaine de l’aquaculture, malgré sa position de quatrième consommateur mondial de saumon. "C'est aberrant d'importer autant alors que nous avons le potentiel d'être un leader dans ce secteur", déclare avec véhémence Goumain.

La coopérative SCAEL, regroupant 1 800 agriculteurs, a investi trois millions d'euros dans cette écloserie. Bien qu'éloignée de ses activités agricoles traditionnelles, elle parie sur la polyculture pour diversifier les revenus. Jean-Sébastien Loyer, directeur général, souligne que "cela fonctionne de manière similaire à d'autres cultures, que ce soit la lavande ou le fenouil".

Un produit premium mais accessible

Une vingtaine d'agriculteurs de la Beauce se montrent déjà intéressés par ce modèle innovant. Selon Soulas, le projet vise à proposer une technologie abordable, à un coût de production raisonnable. "Nous nous éloignons du beau pour privilégier l'efficience – notre objectif est de produire du saumon", précise-t-il.

Notre saumon premium est commercialisé avec une hausse de 30 % par rapport aux labels traditionnels, un prix justifié par la qualité et l'origine française.

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