C'était l'un des exemples les plus frappants des efforts de diplomatie sportive rwandaise. Depuis 2018, le logo « Visit Rwanda » a occupé une place de choix sur les maillots des joueurs d'Arsenal, permettant au pays d'attirer l'attention de millions de fans chaque week-end. À l'issue de la saison prochaine, ce partenariat prendra fin. Arsenal et le Rwanda Development Board (RDB) ont récemment annoncé qu'ils ne renouvelleront pas leur contrat, qui se termine en juin 2026. Dans un communiqué, les responsables rwandais affirment qu'il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une fin de cycle réussie, ayant largement atteint ses objectifs de notoriété. Selon le RDB, les recettes touristiques ont augmenté de 47 % depuis le début de ce partenariat, atteignant 650 millions de dollars pour 1,3 million de visiteurs accueillis en 2024.
Kigali justifie sa décision par un désir d'élargir ses horizons, visant désormais l'Amérique du Nord et le monde hispanophone comme des marchés actionnables pour renforcer le tourisme et l'investissement. Jean-Guy Afrika, le CEO du RDB, a exprimé sa gratitude, affirmant que la visée mondiale du partenariat a permis de dynamiser le tourisme et de rehausser l'image de la marque Rwanda sur la scène internationale.
Les critiques et la controverse
Cependant, le bilan économique positif masque également des lendemains incertains. Depuis le début de ce partenariat, des critiques ont émergé, qualifiant ce soutien sportif de « sportswashing », ce terme désignant l’usage du sport pour améliorer l'image d’un pays au passé controversé en matière de droits de l’homme. La situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC) est au cœur de la controverse, le gouvernement congolais accusant ouvertement le Rwanda de soutenir des groupes rebelles, comme le M23, exacerbant ainsi une crise humanitaire. Cette accusation a provoqué des demandes officielles de Kinshasa à Arsenal pour mettre un terme à un partenariat jugé « entaché de sang ».
L'héritage technique et le futur
Au-delà des enjeux géopolitiques se dessine un héritage sportif. Le partenariat avec Arsenal n'était pas qu'une simple exposition d’un logo, il a inclus des initiatives visant à développer le football local au Rwanda. Nelly Mukazayire, la ministre des Sports, a souligné l'impact positif sur les entraîneurs et les jeunes joueurs, grâce à des stages et des collaborations qui ont favorisé l'élévation des compétences footballistiques dans le pays.
Une nouvelle orientation stratégique
Alors que le logo disparaît des maillots d’Arsenal, le Rwanda ne quitte pas complètement la sphère du sport. Le pays a décidé de maintenir sa relation avec Kroenke Sports & Entertainment, propriétaire d'Arsenal, en se concentrant sur leurs franchises américaines, notamment les Los Angeles Clippers et les Rams. Parallèlement, un partenariat avec l'Atlético de Madrid ouvre de nouvelles perspectives sur le marché hispanophone, renforçant ainsi la stratégie de ciblage sur des marchés à fort potentiel économique.
Dans un contexte où le Paris Saint-Germain a choisi de prolonger son partenariat avec le Rwanda jusqu'en 2028, la diplomatie sportive rwandaise continue d'évoluer, même au milieu d'un climat de contestation croissante en Europe.







