Le 27 novembre 2025, le procès en appel de Francis Dorffer s'est ouvert à la cour d'assises du Calvados. Accusé d'avoir pris en otage deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019, Dorffer a enfin eu l'occasion de s'expliquer devant le tribunal. Âgé de 41 ans, il a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux, suite à des condamnations pour des crimes graves.
Le 11 juin 2019, alors que Dorffer était en train d'exécuter des tâches d'auxiliaire d'étage, il a brusquement annoncé une prise d'otage au moment où il a été ramené à sa cellule après avoir distribué des repas. Faisant face à deux agents, un homme d'une cinquantaine d'années et une jeune femme de 21 ans, il s'est précipité vers eux avec des armes artisanales confectionnées à partir de brosses à dents et de rasoirs.
Les témoins ont décrit des heures de tension extrême, combinant moments de menace et d'apparente bienveillance. "Il a essayé de nous rassurer, mais la peur était palpable", a rapporté la jeune agente, soulignant combien ces heures en otage ont marqué leurs vies. "Je n'ai jamais pensé que cela pourrait m'arriver", a déclaré l'agent plus âgé, mettant en lumière un instinct de survie qui s'est activé au milieu de la crise.
Durant la prise d'otages, Dorffer a aussi exprimé son désir de transfert vers une autre prison pour se rapprocher de sa famille. Les deux agents ont rapporté des sentiments ambivalents face à l'accusé, qui oscillait entre une attitude menaçante et des moments de préoccupation pour leur bien-être. Le détenu a finalement obtenu ce qu'il voulait : un transfert en échange de la libération des deux agents
Les conséquences psychologiques de cette expérience se sont fait sentir longtemps après. Les deux surveillants ont relaté des troubles du sommeil sévères et des crises d'angoisse persistantes, des conséquences notables sur leur vie quotidienne et leur travail. "Je ne peux pas oublier", a admis la surveillante, toujours affectée par les souvenirs de ce jour fatidique. Le soutien en santé mentale a été crucial pour eux, mais a révélé la vulnérabilité des agents pénitentiaires face à de telles situations en milieu carcéral.
D'après des experts, ces événements soulèvent des questions sur la sécurité des surveillants et les conditions de détention en France, un sujet souvent abordé dans les médias locaux, notamment par des publications comme Le Monde et France Info. Après des mois d'absence, le surveillant âgé a été mis à la retraite pour des raisons de santé, tandis que sa collègue tente de surmonter son trauma en retournant au travail.
Ce procès a une grande portée, non seulement pour les victimes, mais aussi pour la société qui doit réfléchir à la façon dont elle traite ses agents en prison. "Nous devons exiger un environnement de travail plus sûr", conclut un porte-parole du syndicat des surveillants pénitentiaires.
Ce vendredi, le verdict de ce procès très attendu pourrait marquer une nouvelle étape dans la réflexion sur la sécurité au sein des établissements pénitentiaires en France.







