Le président Donald Trump, fraîchement réélu, a exercé son pouvoir de grâce d'une manière inattendue, en faveur d'Henry Cuellar, parlementaire démocrate du Texas, récemment inculpé pour corruption et blanchiment d'argent. Cette décision, qui semble davantage motivée par des considérations politiques que par la justice, met en lumière les tensions croissantes dans le paysage politique américain.
Dans un document publié par le ministère de la Justice, Trump déclare sa grâce pleine et inconditionnelle pour Cuellar et son épouse Imelda, citant l'affaire « États-Unis contre Enrique Roberto Henry Cuellar ». Les Cuellar sont accusés d'avoir reçu des paiements d’une entreprise d'État azerbaïdjanaise et d'une banque mexicaine pour des activités de lobbying au Congrès. Les montants en jeu auraient atteint 600 000 dollars.
Trump a exprimé, sur sa plateforme Truth Social, qu'Henry Cuellar pouvait « dormir tranquille maintenant », insinuant que l’inculpation était le résultat d'une manipulation politique par l'administration Biden. Selon lui, Cuellar a été victime d'une attaque orchestrée par le ministère de la Justice, utilisant les institutions pour discréditer des voix dissidentes.
Pourtant, cette faveur accordée à un élu démocrate a surpris de nombreux observateurs. Politico souligne que Cuellar, malgré ses démêlés judiciaires, a conservé son siège au Congrès après une réélection en janvier 2024. Dans un tweet, Cuellar a remercié Trump, affirmant que la grâce leur offrait un nouveau départ, tout en invitant à la continuité de leur travail au service de la communauté.
La situation s'épaissit davantage avec la grâce d’un autre accusé controversé, Timothy Joseph Leiweke, ancien PDG de sociétés sportives, inculpé pour avoir prétendument manipulé des appels d'offres. Aucun éclaircissement n’a été fourni par la Maison-Blanche, soulevant des interrogations sur les motivations de Trump. Dans une déclaration faite par la directrice de la division antitrust du ministère de la Justice, Leiweke aurait collaboré avec un concurrent pour fausser les enchères concernant un projet d'arène sportive au Texas.
Expert en affaires politiques, Lucie Laine de l'université Paris-Dauphine souligne que cette grâce atypique pourrait signifier une tentative de Trump de renforcer ses alliances, même parmi ses opposants politiques. “Cela transforme la dynamique entre républicains et démocrates, tandis que le système de justice est perçu comme une arme dans la lutte pour le pouvoir”, explique-t-elle.
Cette affaire illustre non seulement la complexité de la justice américaine, mais aussi les manœuvres stratégiques d'un président en quête de soutenir ses alliés dans un climat de polarisation extrême. En conséquence, l'opinion publique demeure partagée, certains voyant la grâce comme un coup stratégique, d'autres comme une déviation du devoir de rendre justice. Comme l'explique Le Monde, ces débuts de mandat de Trump révèlent un style de gouvernance qui favorise l'imprévisibilité et la controverse, rendant l'avenir politique des États-Unis incertain.







