Sébastien Lecornu a remporté vendredi 5 décembre 2025 une première manche budgétaire avec l’adoption de la partie « recettes » du budget de la Sécu. Cependant, cette victoire ne garantit pas la stabilité, compte tenu de la fragilité des soutiens gouvernementaux.
Ce scrutin revêtait une importance particulière dans une Assemblée nationale fracturée, sans majorité claire. En choisissant de ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution, le Premier ministre a voulu inciter les députés à assumer la responsabilité de leur vote. Finalement, la partie « recettes » du projet de loi de financement de la sécurité sociale a été adoptée, non sans tensions, par 166 voix contre 140. L'appui a été fourni par les députés Renaissance, MoDem, du PS et des indépendants de Liot, tandis que l'alliance RN-UDR, LFI et les écologistes ont voté contre. Notamment, le pan le plus droitier de sa coalition, les Républicains et Horizons, s’est majoritairement abstenu.
Sébastien Lecornu a intensifié ses efforts pour convaincre. Il a même annulé ses rendez-vous jeudi et vendredi, multipliant les interventions en séance. Il a mis la pression sur les députés, avertissant que l'absence de texte pourrait entraîner un déficit de « 29 ou 30 milliards » d'euros pour la Sécurité sociale, alors que le gouvernement souhaite le limiter à 20 milliards. Pour réconcilier les points de vue divergents, le ministre a proposé un compromis sur la hausse de la CSG du patrimoine, réponse à une demande de la gauche mais controverse pour la droite.
Versement final à haut risque mardi
Toutefois, malgré cette première victoire, le vote final mardi sur l'ensemble du budget de la Sécu sera « extrêmement difficile », comme l’indiquent plusieurs responsables politiques. L'absence de l'outil 49.3 complique encore plus la situation. La pression monte, car un rejet pourrait entraîner des conséquences politiques considérables pour le gouvernement. Plusieurs observateurs, comme ceux d'La Nouvelle République, soulignent que cette victoire à mi-parcours pourrait donner un élan positif aux autres textes de loi, y compris l'examen du budget de l’État, qui s'annonce encore plus tumultueux.
Le Premier ministre pourrait bien se retrouver à un carrefour décisif. La dynamique du vote pourrait décider non seulement de la suite des événements mais aussi de la survie politique du bloc central. Une ministre a déjà prévenu que le rejet du budget pourrait « emporter l’ensemble du gouvernement », comme l’a mentionné un élu du parti présidentiel. Cette situation souligne l'importance de la prochaine réunion, où les députés devront naviguer sur des questions épineuses tout en cherchant une stabilité politique jusqu'en 2027.
