La justice iranienne a ordonné l'arrestation de deux organisateurs d'un marathon sur l'île de Kish, en raison de la participation de femmes sans voile. L'événement, qui s'est tenu le 6 décembre, a attiré plus de 5 000 coureurs, dont une fraction significative a choisi de défier les directives vestimentaires imposées depuis la Révolution islamique.
D'après l'agence Mizan, affiliée au pouvoir judiciaire, les arrestations concernent un fonctionnaire de la zone franche de Kish et un membre de l'entreprise organisatrice de la course. Les autorités ont précisé que l'événement ne respectait pas les normes de décence établies, un commentaire lourd de conséquences dans une société où le port du hijab est considéré comme une obligation religieuse et légale.
Le procureur général de Kish a affirmé que la nature de l'événement était contraire à la décence, soulignant l'absence de contrôle sur le respect des règles vestimentaires. En effet, certaines participantes ont été aperçues sans voile, défiant les lois en vigueur qui stipulent que chaque femme doit porter un hijab et des vêtements amples en public.
Les médias conservateurs, comme Tasnim, n’ont pas tardé à condamner cette apparente transgression, mettant en avant les craintes d'une « nudité généralisée » et d'une influence occidentale jugée menaçante. Cependant, beaucoup de femmes en Iran choisissent de s'affranchir de cette contrainte, un phénomène qui a pris de l'ampleur suite aux mouvements de contestation de 2022, tels que le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » après la mort de Mahsa Amini.
Les opinions divergent parmi la classe politique iranienne. Le président Massoud Pezeshkian a déclaré que l'on ne peut pas forcer une femme à porter le voile, tandis que plus de la moitié des députés critiquent la justice pour son laxisme face à cette question. Gholamhossein Mohseni Ejeï, à la tête du pouvoir judiciaire, appelle à une répression renforcée pour faire respecter la loi sur le hijab.
Cette tension entre tradition et modernité est palpable dans la société iranienne, où des initiatives comme des concerts et des expositions commencent à accueillir des femmes sans voile, créant un terreau fertile pour le débat public. Est-ce le signe d'un changement à long terme ou simplement un élan momentané vers la liberté ? Alors que les arrestations se multiplient, la question demeure ouverte.
Sources : France24, AFP







