Bruxelles - L'Union européenne s'apprête à adopter un tournant décisif dans sa politique migratoire, poussée par les demandes croissantes de la droite et de l'extrême droite. Ce lundi, les ministres de l'Intérieur des 27 États membres se retrouveront à Bruxelles pour examiner des propositions qui pourraient transformer en profondeur le traitement des migrants sur le continent.
Les nouvelles mesures incluent l'établissement de « hubs de retour » en dehors des frontières de l'UE, où les migrants dont la demande d'asile a été rejetée seraient envoyés. Parallèlement, les autorités devraient être habilitées à imposer des sanctions plus sévères aux migrants récalcitrants, notamment à travers des détentions prolongées.
Selon le commissaire européen Magnus Brunner, cette démarche vise à donner aux citoyens l'impression d'une situation migratoire sous contrôle. Pourtant, cette approche suscite des critiques virulentes. Des associations de défense des droits humains, comme PICUM, avertissent qu'au lieu d'assurer sécurité et inclusion, ces mesures risquent de nuire à des milliers de personnes et de créer davantage de désespoir, comme le souligne Silvia Carta de cette ONG.
Des pays comme la France et l'Espagne affichent leur scepticisme. La France soulève des préoccupations quant à la légalité de certaines propositions, tandis que l'Espagne questionne l'efficacité des hubs de retour déjà expérimentés ailleurs en Europe. En revanche, des pays comme le Danemark, à la présidence de l'UE, encouragent ce nouvel élan, en affirmant que la volonté politique existe pour avancer rapidement.
Des débats passionnés se préparent concernant la répartition des demandeurs d'asile sur le territoire européen. Cette initiative vise à alléger la pression sur des pays comme la Grèce et l'Italie, appelés à accueillir des migrants. Pourtant, les réticences de certains États à accepter ces personnes rendent la situation encore plus complexe. Des ministres, comme ceux de la Belgique et de la Suède, ont déjà exprimé leur opposition à recevoir des demandeurs d'asile, craignant une exacerbation des tensions politiques internes.
Alors que les discussions s'intensifient, des experts comme Laurent El Ghozi, professeur des universités, alertent sur le danger de prendre des décisions hâtives sans évaluer les impacts à long terme sur les droits humains et la cohésion sociale en Europe. Le chemin vers une politique migratoire équilibrée reste semé d'embûches, mais la pression pour agir s'accroît à mesure que la fin de l'année approche.







