Le combat contre le cancer se heurte à un constat amer : la France peine à atteindre les objectifs de dépistage fixés. Dans le cadre de sa stratégie décennale de lutte contre les cancers, l’objectif d’un million de dépistages supplémentaires d’ici 2025 semble, à cette fin d’année 2023, hors d’atteinte.
Selon les dernières données de l’Institut national du cancer (INCa), la participation au dépistage des cancers colorectaux reste alarmante, avec un taux de seulement 29,6 % attendu entre 2023 et 2024. Ce chiffre reste stable depuis plusieurs années et est bien en deçà de l’objectif européen de 45 %.
Concernant le cancer du sein, bien que 61 214 nouveaux cas aient été identifiés en France cette année, le taux de participation des femmes éligibles au dépistage a légèrement baissé, passant à environ 49 %, contre 53 % en 2010-2011. Toutefois, il est notable que les dépistages pour le cancer du col de l’utérus montrent une nette progression, dépassant les 60 % en 2024, contre 51 % en 2019.
Ces chiffres soulignent un retard préoccupant pour atteindre l’objectif ambitieux qui a été fixé. La feuille de route baptisée “Priorité dépistage” lancée en 2020 a pour but de populariser les dépistages et d’améliorer l’accès aux services, pourtant les résultats restent insuffisants. Jérôme Viguier de l’INCa souligne : « Le contexte actuel de précarité et d’angoisse complexifie la mise en œuvre des programmes de prévention. »
Cependant, ce manque d’engagement ne semble pas être le fait des jeunes générations. Une étude récente réalisée pour le groupe Apicil révèle que 78 % des 34-45 ans souhaitent davantage de soutien dans leurs démarches de dépistage, motivés par la crainte d’un diagnostic tardif. Une tendance qui s’avère en phase avec une étude du British Medical Journal Oncology, qui affirme que le nombre de cancers diagnostiqués avant 50 ans a augmenté de 80 % sur les 30 dernières années.
Pour les médecins et les acteurs de la santé, il est primordial de renforcer l’information et l’accompagnement autour du dépistage. L’enjeu n’est pas seulement de prévenir les maladies, mais aussi de réduire le choc émotionnel que représente un diagnostic tardif. La mobilisation des acteurs de santé envers toutes les générations est indispensable. Cancer.fr continue de jouer un rôle clé dans l’information pour encourager un plus large accès aux dépistages. Face à cette stagnation, l’urgence est de repenser nos stratégies et de s’unir dans la lutte contre le cancer.







