Ceux qui s'interrogent sur l'éventualité d'une guerre entre l'Union européenne et la Russie devraient prêter attention aux récentes déclarations de Sergueï Karaganov. Dans un entretien diffusé sur la chaîne Pervy Kanal, retranscrit par la revue Le Grand Continent, cet idéologue russe affirme que « cette guerre a déjà commencé » et que le véritable adversaire de la Russie n'est pas l'Ukraine, mais l'Europe elle-même, qu'il qualifie de « malheureuse et manipulée ».
Moins connu en Occident que des figures comme Alexandre Douguine ou Vladislav Sourkov, Karaganov se distingue par ses discours belliqueux, dont la fonction est de supporter la doctrine du Kremlin. Le 5 décembre, il a clairement stipulé sur Pervy Kanal que « cette guerre ne prendra fin que lorsque nous aurons infligé à l'Europe une défaite morale et politique », ajoutant que l'Europe est désormais l'incarnation du Mal en ce qui concerne l'humanité.
La menace nucléaire sur la table
Karaganov ne cache pas non plus son intention d'user du chantage nucléaire. « J'espère que nous n'aurons pas à utiliser notre arme la plus terrible », avoue-t-il, plaçant ainsi avant toute chose une mise en avant de cette menace dans un cadre qu'il qualifie d'historique.
Son discours s'enflamme à propos de la corruption des politiciens européens, qu'il considère comme dépourvus de principes. La démocratie, selon lui, « n'est qu'un prétexte inventé par les élites pour maintenir leur pouvoir ». La manière dont il dépeint l'Ukraine est tout aussi dégradante : « Zelensky n'est qu'un pion, voire un fou », estime-t-il, tandis qu'il voit en son potentiel successeur, le général Zaloujny, l'incarnation d'une « débilité morale ». Pour Karaganov, l'Ukraine se résume finalement à un « État avorté », servant simplement d'écran de protection entre la Russie et une Europe qu'il anticipe comme étant en proie à des « flots de miasmes moraux ».
Selon une analyse du Le Monde, ces déclarations ne sont pas isolées. Des experts en relations internationales débattent de la stratégie russe actuelle, notant que cette rhétorique pourrait avoir pour but de renforcer le soutien populaire en Russie face à une Europe perçue comme hostile. En somme, ce discours s'inscrit dans une logique de confrontation qui pourrait avoir des répercussions à long terme sur la dynamique géopolitique en Europe.







