Depuis le 14 novembre, aucune arrivée de migrants n’a été signalée au Royaume-Uni par traversée de la Manche, un phénomène inédit en sept ans. Selon des informations du ministère britannique de l’Intérieur, cette pause marque la plus longue période sans arrivées depuis l’automne 2018. Néanmoins, la tendance générale pour l’année reste à la hausse, avec 39 292 personnes arrivées à bord de petites embarcations depuis le début de l'année, un chiffre qui surpasse les 36 816 entrées de 2024, mais demeure inférieur aux 45 774 de 2022.
Cet état de facto soulève des interrogations sur la capacité du gouvernement travailliste à maîtriser l'immigration irrégulière. Keir Starmer était arrivé au pouvoir en promettant de “détruire les gangs” de passeurs, mais il peine à inverser la dynamique. Le sujet est devenu central dans le débat public britannique et favorise la montée en puissance du parti de droite nationale Reform UK, dirigé par Nigel Farage, qui capte de plus en plus les préoccupations des électeurs.
Pour tenter de juguler les traversées, Londres a signé un accord cet été avec Paris, basé sur un principe de “un pour un”: les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni peuvent être renvoyés en France, en contrepartie de l’accueil par Londres de demandeurs d’asile présents sur le territoire français. Cependant, cette mesure semble encore insuffisante aux yeux de Downing Street.
En parallèle, Keir Starmer a durci son discours sur la question migratoire, adressant une lettre au président Emmanuel Macron, sollicitant des “efforts supplémentaires” pour endiguer les départs clandestins depuis les côtes françaises. Il a même suggéré la mise en place de navires britanniques dans ces eaux pour « sauver et renvoyer des gens en France ».
Pour renforcer son arsenal législatif, le gouvernement britannique a également lancé une réforme du droit d’asile. Parmi les mesures phares, la suppression de l’accès automatique aux aides sociales pour les demandeurs d’asile et un raccourcissement du délai pour l’obtention d’un statut permanent, qui passera de cinq ans à trente mois.
Cette approche de fermeté résonne avec une dynamique migratoire européenne assumée. Dans une tribune publiée dans The Guardian, Starmer et la Première ministre danoise Mette Frederiksen ont plaidé pour une révision des règles migratoires afin de “protéger nos frontières pour défendre nos démocraties”. Ils ont mis en garde contre la montée des populistes si les gouvernements ne répondaient pas aux préoccupations de leurs citoyens.
Cette position traduit un virage sécuritaire du parti travailliste britannique, face à une opinion publique de plus en plus préoccupée par les enjeux migratoires. Comme l'indique le sociologue français Claude Calame, “la gestion de l’immigration doit être à la fois humaine et sécuritaire. Les pays doivent trouver un équilibre entre humanité et protection de leurs citoyens.”







