Lille (AFP) – Le procès d'Abdelkader Bouguettaia, alias "Bibi", a débuté ce lundi à Lille, attirant l'attention sur un réseau de narcotrafic d'une ampleur inquiétante. À 38 ans, ce narcotrafiquant présumé, qui avait été condamné par contumace à plusieurs reprises, va cette fois faire face à la justice dans un cadre officiel.
Reconnu pour ses lunettes épaisses et son crâne rasé, Bouguettaia a fait son apparition dans le box des accusés, vêtu d'un pull blanc. Son dossier judiciaire, comprenant des peines allant jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle, fait mention d'importations massives de cocaïne entre 2019 et 2021. À l'époque des faits, l'individu résidait à Dubaï, loin des tribunaux français, ce qui avait rendu ses précédentes condamnations possibles en son absence.
Après son extradition en juin dernier, le mis en cause a choisi de ne pas accepter les verdicts prononcés, menant à la convocation d'un nouveau procès, prévu sur trois jours devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille. Bouguettaia est soupçonné d'avoir orchestré l'importation de cocaïne dans sa ville natale du Havre, un point névralgique pour le trafic.
Ce procès a suscité un intérêt médiatique notable, avec des dizaines de journalistes présents, confrontés à des mesures de sécurité strictes lors de leur accès aux lieux. Notamment, une consigne rare a été donnée aux journalistes d’éviter de nommer magistrats ou avocats. Un avocat a même demandé à ce qu'aucune illustration reconnaissable de Bouguettaia ne soit publiée.
Les sombres révélations des enquêtes
Les enquêtes, comme rapporté par plusieurs sources, dont Le Figaro, ont mis en lumière un réseau sophistiqué d'importation de drogue. Avec plus de deux tonnes de cocaïne saisies au port du Havre, Bouguettaia est identifié comme l'un des commanditaires principaux. Les investigations ont révélé des méthodes d'importation audacieuses, passant par des cargaisons commerciales telles que des gélatines de boeuf et de lames de bois en provenance d'Amérique du Sud.
Une particularité troublante de l'affaire inclut la rétractation d'un témoin clé, qui, après avoir accusé Bouguettaia d'être l'un des commanditaires d'une saisie de 141 kg de cocaïne, a révélé avoir été contacté par le narcotrafiquant. Selon les déclarations du parquet, Bouguettaia aurait tenté d'influencer le témoin via la messagerie cryptée pour supprimer ses preuves.
Des experts en criminologie, comme le professeur Alain Bauer, soulignent l'importance de ce procès, déclarant : "Il intervient à un moment où le trafic de drogues reconfigure les plages de contrôle territorial, et juger un acteur de cette envergure est crucial pour la lutte anti-drogue en France". Bouguettaia est également visé dans d'autres affaires, notamment pour l'importation d'un conteneur contenant 2,5 tonnes de cocaïne en provenance de Colombie, ce qui exacerbe ses ennuis juridiques.
Le procès d'Abdelkader Bouguettaia ne fait que commencer, mais il s'annonce comme un tournant crucial dans la lutte contre le narcotrafic en France, alors que les autorités semblent plus déterminées que jamais à démanteler ces réseaux criminels aux ramifications internationales.







