Rangoun (Birmanie) – Dimanche, la junte militaire au pouvoir en Birmanie a lancé un scrutin législatif fortement critiqué sur la scène internationale, se présentant comme un pas vers la démocratie, près de cinq ans après avoir renversé le gouvernement élu et plongé le pays dans une guerre civile. Le général Min Aung Hlaing, chef de la junte, a déclaré que l'élection était "libre et équitable" après avoir voté dans la capitale, Naypyidaw, affirmant que le nom de l'armée ne devait pas être terni.
Internationalement, cette initiative est rejetée, notamment par l'ONU et des défenseurs des droits de l'homme, qui dénoncent la répression systématique de toute forme d'opposition. Aung San Suu Kyi, ancienne dirigeante et prix Nobel de la paix, est toujours derrière les barreaux, son parti ayant été dissous après le coup d'État militaire de février 2021. Les experts politiques estiment que ces élections organisées par les militaires visent à maintenir un régime autoritaire tout en prétendant rétablir une forme de démocratie.
Le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP), favorable aux militaires, est pressenti pour dominer le scrutin, ce qui a alimenté les critiques d'une manipulation des résultats pour garantir la pérennité de la junte. Avec environ 50 millions d'habitants, la Birmanie fait face à de graves conflits internes, et le scrutin ne sera pas réalisé dans de nombreuses zones contrôlées par des groupes rebelles.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 (23H30 GMT samedi) dans des zones où le pouvoir militaire est établi, comme à Rangoun, Mandalay et Naypyidaw. Des observateurs rapportent que dans plusieurs bureaux, il y a plus de journalistes et de scrutateurs que d'électeurs, ce qui jette un doute sur l'engouement pour ce vote. Un électeur, Bo Saw, s'est exprimé en minimisant les critiques internationales, affirmant que "les opinions divergent toujours".
La junte, qui gouverne la Birmanie depuis son indépendance en 1948, en dehors d'une brève période démocratique de 2011 à 2021, a justifié la prise de pouvoir militaire par une prétendue fraude électorale lors des élections de 2020, où la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi avait remporté un succès écrasant.
Aung San Suu Kyi, âgée de 80 ans, purge actuellement une peine de 27 ans de prison, condamnée pour des accusations allant de la corruption à la violation des règles sanitaires. Son fils, Kim Aris, a déclaré depuis Londres que sa mère ne considérerait certainement pas ces élections comme significatives. En outre, le Réseau asiatique pour des élections libres a noté que les partis ayant remporté 90 % des sièges lors des dernières élections ne figurent pas sur les bulletins de vote actuels, après leur dissolution par la junte.
Des poursuites judiciaires sont en cours contre plus de 200 personnes accusées de tenter de "sabotager le processus électoral", tandis qu'une circonscription sur cinq de la chambre basse n'organisera pas de vote en raison des violences persistantes. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a qualifié le climat de ces élections de "violence et répression", mettant en lumière les défis auxquels fait face la Birmanie dans son cheminement vers la paix et la démocratie.







