Lors de la séance budgétaire du 5 décembre, le Sénat a approuvé une augmentation sans précédent de près de 120 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence. Cette initiative vise à créer 10 000 nouvelles places et à répondre à une demande sociale croissante.
Malgré les réserves exprimées par le gouvernement, les sénateurs ont jugé que cette augmentation des fonds était nécessaire pour aligner les ressources avec les objectifs de la politique d'accueil. Selon Public Sénat, l'amendement adopté, soutenu par deux commissions et un groupe écologiste, a permis d'ajouter 85 millions d'euros aux crédits actuels, assurant ainsi une cohérence entre la stratégie gouvernementale et les besoins réels sur le terrain.
En parallèle, le Sénat a validé la création de 2 000 places spécifiquement destinées aux femmes victimes de violence, pour un budget additionnel de 20 millions d'euros. Cette mesure a été bien accueillie par les organisations de défense des droits des femmes, qui soulignent l'importance de garantir un refuge aux plus vulnérables dans un contexte marqué par une inflation croissante et une pression sur les services sociaux.
Cependant, des inquiétudes persistent quant à la capacité réelle des dispositifs d'hébergement à répondre à ces engagements. La sénatrice centriste Olivia Richard a souligné qu'un amendement similaire voté l'année précédente n'avait pas donné lieu à la création des places promises, laissant planer un doute sur la fiabilité du dispositif. "L'année dernière, 20 millions d'euros avaient été alloués pour 2 000 places, et elles n'ont jamais vu le jour", a-t-elle déploré.
Des places réservées aux migrants
Considérant le contexte actuel, où la majorité des places d'hébergement d'urgence sont occupées par des migrants extra-européens, le débat s'intensifie. D'après un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales publié fin 2025, 59 % des personnes bénéficiant de ces structures étaient des migrants non européens.
Sophie Primas, représentant la commission des finances, a exprimé des doutes quant à la capacité des associations à ouvrir de nouvelles places rapidement. Elle a souligné que l'enjeu ne réside pas seulement dans la création d'hébergements : il s'agit également de réduire la durée de séjour en urgence en orientant les personnes vers des solutions de logement pérennes. « On ne peut pas se contenter de faire de l'hébergement d'urgence » a-t-elle affirmé.
Cette situation a également suscité des réactions au sein de l'opinion publique. L'ancien ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, a récemment plaidé pour mettre fin à ce qu'il appelle "l'hébergement d'urgence à vie", où des migrants se retrouvent souvent dans des hébergements temporaires pour des périodes prolongées. "Il faut changer notre approche", a-t-il déclaré lors d'une interview sur Europe 1, rappelant l'importance de trouver des solutions durables pour toutes les personnes en situation précaire.







