Lors du vote du 6 décembre, le Sénat a décidé de maintenir l'intégration de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) dans le calcul de la prime d'activité. Cette décision contredit la volonté du gouvernement, qui souhaitait mettre fin à un mode de calcul dérogatoire afin de réaliser des économies budgétaires significatives.
Le projet de loi de finances pour 2026, notamment son article 79, proposait d'exclure l'AAH comme revenu professionnel, une mesure jugée par beaucoup comme « incohérente » et contraire aux objectifs d'insertion professionnelle. Arnaud Bazin, rapporteur de la commission des finances, a souligné que cette exclusion allait à l'encontre des efforts visant à encourager les travailleurs handicapés à s'insérer sur le marché du travail.
Les sénateurs, en adoptant plusieurs amendements favorables, ont émis des doutes quant aux économies estimées par le gouvernement, évaluées à 90 millions d'euros en 2026 et 225 millions en année pleine. Ils ont exprimé leur préoccupation face à la possible précarisation des travailleurs les plus vulnérables. Le maintien de l’AAH dans le calcul de la prime d'activité représente un soutien crucial pour les 108 000 bénéficiaires actuels, dont une majorité travaille dans des établissements spécialisés.
Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, a défendu l'argument gouvernemental selon lequel la dérogation de l'AAH serait « contre-productive pour les revenus ». Cependant, pour de nombreux experts, comme ceux du Haut Conseil de la santé publique, le choix de supprimer l'AAH du dispositif pourrait conduire à des effets indésirables, nuisant à la dynamique de retour à l'emploi.
Cette décision du Sénat ne fait qu’illustrer les enjeux cruciaux auxquels sont confrontés les travailleurs handicapés en France, où la reconnaissance et le soutien financier sont indispensables pour leur insertion professionnelle et leur bien-être.







