La question de l’élevage en France devient cruciale dans un contexte de dépendance alimentaire accrue. En effet, près de 50% du poulet consommé dans l’Hexagone provient désormais de l’étranger. Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a récemment souligné les difficultés rencontrées par les porteurs de projets d’élevage. "Les agriculteurs qui souhaitent installer des bâtiments d’élevage se heurtent souvent à l’opposition farouche des riverains," a-t-elle expliqué.
Cette frilosité des populations locales crée un dilemme pour la production France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la part de poulet importé a grimpé de 25% en 2000 à 50% en 2023, une situation inquiétante face à des pays comme la Pologne, qui a multiplié sa production par quatre. Tandis que la consommation de volaille augmente (près de 10% en 2024), la production locale peine à suivre le rythme, comme l’indique une étude de l’Interprofession.
Dans un paysage où la consommation de produits locaux est mise en avant, la ministre a plaidé pour une augmentation de la production nationale. "Produire des poulets n’est pas indécent," a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité d’installer de nouveaux poulaillers pour réduire cette dépendance. Pourtant, la transition vers un modèle plus autosuffisant se heurte à la réticence de 53% des Français qui craignent les nuisances liées à l’élevage.
Face à cette impasse, l'idée d'établir 80 nouveaux poulaillers par an pour regagner 20% des volumes importés a suscité un soutien général, même s’il est à nuancer par les appréhensions locales. Des experts en agroalimentaire affirment qu’il est crucial de trouver un équilibre entre la production locale et l'acceptabilité sociale.
Les enjeux de la souveraineté alimentaire sont devenus une priorité pour le gouvernement, qui a annoncé le lancement des "Conférences de la souveraineté alimentaire". Lors de ces échanges, la ministre a mis l’accent sur le rôle primordial des consommateurs, qui jouent un rôle clé dans le soutien à la production locale. À une époque où le fast-food est en pleine expansion, les efforts pour une plus grande transparence sur l'origine des viandes dans la restauration s'avèrent essentiels.
Alors que la France est confrontée à des défis liés à sa filière volaille, le collectif citoyen semble de plus en plus engagé dans cette lutte pour une agriculture durable et responsable. Les prochaines années s’annoncent décisives pour déterminer comment les Français envisagent l'élevage de proximité, et la manière dont ils soutiendront (ou non) les projets locaux circulaires.







