Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, a récemment annoncé au Monde que son parti prépare une proposition de loi pour rouvrir des maisons closes, une pratique interdite en France depuis la loi Marthe Richard de 1946. Cette initiative s'inscrit dans une volonté de réguler le travail du sexe en permettant aux prostituées de gérer elles-mêmes ces établissements, sous forme de coopérative.
Une question de précarité
Tanguy, qui a été marqué par son expérience auprès de l'association d'aide aux prostituées du Bus des femmes, évoque des conditions de vie alarmantes pour ces femmes. Dans un contexte où la loi de 2016 a modifié le délit de racolage tout en sanctionnant les clients, le député estime que cette législation a créé des situations plus dangereuses pour les travailleuses du sexe. Selon des sources officielles, seules 409 condamnations ont été prises en 2024 concernant les clients, ce qui soulève des questions sur l'efficacité de l'approche actuelle.
Une nouvelle vision des maisons closes
Tanguy propose que ces maisons soit perçues comme des espaces sûrs et protégés où les prostituées pourraient exercer leur métier sans crainte. Il souligne l’urgence d’adopter une approche qui donnerait aux travailleuses du sexe la reconnaissance et la sécurité dont elles ont besoin. Il envisage même de trouver un autre terme que celui de « maison close », jugé trop stigmatisant.
Sur cette question, Marine Le Pen, présidente du RN, affiche son soutien à l’initiative de Tanguy. Cependant, les avis sont partagés à l'Assemblée, et il est probable qu'il devra faire face à une forte opposition. Philippe Juvin, un autre député de la droite, a exprimé son intention de soutenir les propositions visant à améliorer les conditions de travail des prostituées, évoquant la nécessité d’un cadre légal bien défini.
Un débat complexe
Le sujet des maisons closes et du travail du sexe reste un enjeu sociétal complexe en France, où la régulation et la moralité s'entrechoquent. Des experts comme la sociologue Carole Vigée soulignent que l'ouverture de telles structures pourrait offrir une protection, mais avancent également la nécessité d'une éducation et d'un changement culturel pour soutenir les travailleuses du sexe.
Le succès de cette initiative dépendra largement des discussions futures au sein du parlement et de la perception du public sur un sujet encore souvent tabou. La France pourrait-elle changer de cap et envisager une régulation plus humaine du travail du sexe ? Seul l'avenir pourra le dire.







