En juin 2024, l'humoriste Guillaume Meurice a été licencié par Radio France après avoir qualifié le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de "nazi sans prépuce" lors de ses sketchs. Cette décision a suscité un vif débat sur la liberté d'expression dans le milieu médiatique français, malgré l'opposition des syndicats et de la rédaction de France Inter qui craignent un précédent dangereux.
Lors de son audience devant le conseil de prud'hommes de Paris, Meurice a déclaré : "J'ai été viré pour une blague validée par la justice française. Est-ce que l'État de droit est cohérent ?" Ses remarques surviennent dans un climat tendu, exacerbé par les événements tragiques qui ont suivi l'attaque du Hamas en octobre 2023.
Le licenciement a été présenté par la direction de Radio France comme une réaction à une "faute grave", invoquant un manque de loyauté à l'égard de l'entreprise. Dans un courriel aux employés, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, a expliqué que Meurice avait ignoré un avertissement antérieur ainsi qu'une mise en garde de l'Arcom, l'autorité de régulation des médias, à la suite de ses remarques jugées provocantes.
Les critiques à l'encontre de l'humoriste ont pris de l'ampleur, certaines voix l'accusant d'antisémitisme. Toutefois, après une enquête, la police a classé l’affaire sans suite, n'ayant pas trouvé suffisamment de preuves pour une inculpation. En avril 2024, Meurice a réaffirmé ses propos, entraînant sa suspension puis son licenciement définitif. Les syndicats ont dénoncé cette décision, la qualifiant de menace pour la libre expression.
Plusieurs de ses collègues ont exprimé leur solidarité en annonçant leur départ de France Inter, où ils ont rejoint Meurice sur Radio Nova, un geste qui souligne l'impact de cette affaire sur la culture médiatique en France. L'avocat de Meurice, Maître Hugues Dauchez, a contesté le licenciement, le qualifiant d'atteinte à la liberté d'expression, avec des demandes d'indemnisation qui pourraient atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Alors que le contexte politique français demeure volatile, des experts, comme le sociologue Emmanuel Midi, affirment que ce cas est révélateur d'une tendance croissante à restreindre la liberté d'expression au nom de la responsabilité sociale : "Nous assistons à un clivage où l'on craint de choquer au détriment du fait humoristique, qui est souvent provocateur par nature", a-t-il déclaré.
La suite des événements reste à suivre de près, alors que le tribunal devra déterminer si le licenciement de l'humoriste a été justifié par ses actes ou s'il représente une atteinte inacceptable à la liberté d'expression dans le paysage médiatique français.







