À l'approche de la création du Parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco), le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a évoqué dans Le Parisien la nécessité urgente d'une confrontation directe entre l'autorité de l'État et la criminalité organisée. Il a plaidé pour une approche inspirée des méthodes de lutte antiterroristes, soulignant l'importance d'un renseignement renforcé pour contrer les réseaux criminels.
« Le véritable tournant sera atteint le jour où l'État fera face à ses peurs, incapable d'assurer sa sécurité », a affirmé Darmanin, mettant en exergue la situation précaire de certains États voisins, incapables de protéger leurs institutions et leurs citoyens. L'intégrité de la justice semble menacée alors que les narcotrafiquants prennent de plus en plus d'ampleur.
Le Pnaco : un nouvel acteur dans la lutte contre le narcotrafic
Installé le 5 janvier, le Pnaco comptera 16 magistrats et une équipe spécialisée pour gérer des affaires complexes comme celle de l'évasion de Mohamed Amra. « Le Pnaco devra se pencher sur une criminalité en constante évolution dont les circuits financiers doivent être analysés avec précision », a expliqué Vanessa Perrée, sa future responsable.
Selon Darmanin, il est crucial de déterminer la destination des 6 milliards d'euros générés par le trafic de stupéfiants. Inspiré par les méthodes du juge Giovanni Falcone, il a insisté sur la nécessité de « suivre l'argent » pour démanteler ces réseaux. Cela soulève des questions sur la façon dont une partie de ces profits réintègrent l'économie légale.
Un parallèle troublant avec le terrorisme
La comparaison entre la criminalité organisée et le terrorisme est d'une importance capitale pour Darmanin. Il note que certains groupes criminels aspirent à reproduire la terreur ressentie lors des attaques terroristes. « Ce sont des organisations qui cherchent à remplacer l'autorité de l'État. L'État doit réagir de manière équivalente », a-t-il déclaré.
Darmanin propose également des méthodes dérogatoires au droit commun pour améliorer l'efficacité du renseignement. « Près de 90 % des affaires liées au terrorisme sont résolues grâce à des informations préliminaires. Nous devons transposer ce modèle au narcotrafic », a-t-il ajouté.
Cependant, deux obstacles demeurent : d'une part, l'utilisation de réseaux de communication confidentiels par les narcotrafiquants, et d'autre part, l'engorgement des tribunaux dû à l'augmentation des dossiers. « La loi actuelle empêche une surveillance adéquate », a confirmé le ministre dans son discours.
Ces mesures, bien que controversées, visent à restaurer le contrôle de l'État sur son territoire et à faire face à une menace grandissante. Comme l'affirme le sociologue Pierre Conesa, « la lutte contre le narcotrafic ne peut être efficace sans une approche multidimensionnelle qui inclut la prévention, l'éducation et l'interdiction. » En intégrant ces divers aspects, la France pourrait peut-être retrouver son autorité face à un ennemi insidieux et en constante évolution.







