À moins de trois mois des élections municipales, les propos du député insoumis Sébastien Delogu concernant l’élection de "candidats racisés" à Saint-Denis enflamment le débat politique. La ministre Naïma Moutchou dénonce cette approche comme une dérive "communautaire", tandis que La France insoumise soutient qu'il s'agit d'une question de représentativité.
Lors d'un déplacement à Saint-Denis fin décembre, Sébastien Delogu a exprimé son soutien à Bally Bagayoko, candidat en tête de la liste portée par La France insoumise et le Parti communiste. Le député a évoqué "une occasion en or" de faire élire un "racisé" à la tête de Saint-Denis et de Pierrefitte-sur-Seine. Ses mots, rapidement relayés sur les réseaux sociaux, ont provoqué l'indignation de la droite et de l'extrême droite qui accusent Delogu d’encourager le vote basé sur l'origine ethnique.
Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer, a réagi vigoureusement, qualifiant cette logique de "tri destructrice". Sur X, elle a exprimé son inquiétude en déclarant : "On en arrive à réclamer des votes en fonction de la couleur de peau", soulignant que cela détourne l'attention des idées et des projets des candidats. Cette position reflète un débat plus large au sein de la classe politique française sur la question de la race et de l'identité dans le cadre électoral.
En réponse à cette levée de boucliers, Bally Bagayoko a défendu les propos de Delogu, arguant qu'ils avaient été déformés. Selon lui, l’appel à voter ne repose pas sur une couleur de peau, mais sur une expérience et une compréhension des réalités locales. "En aucun cas, il n’a dit : 'votez pour moi parce que je suis noir'", a-t-il affirmé, faisant valoir ses deux décennies d'engagement politique.
Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, a également pris la parole, qualifiant la réaction de la ministre de "préoccupante" et défendant l'idée que la diversité au sein de la représentation politique est essentielle. Cela rejoint un débat ancien à gauche qui vise à corriger la sous-représentation des minorités dans les institutions.
Ce débat sur la représentativité ne fait qu’illustrer une fissure au sein de la gauche entre ceux qui plaident pour l'universalité républicaine et ceux qui considèrent que la diversité doit être intégrée dans la politique. Ce sujet reste plus que jamais d'actualité, alors que les élections municipales approchent, et il révèle les tensions croissantes autour des questions identitaires et de l’inclusion dans la politique française.







