Les jours de l'argent liquide sont-ils comptés ? À Bruxelles, l'idée d'un euro numérique, émis directement par la Banque centrale européenne (BCE), fait son chemin. Ce projet promet de simplifier nos paiements, mais soulève aussi des inquiétudes parmi les banques.
Initiée en 2018, l'idée d'un euro numérique vise à s'adapter à un monde où les transactions se font de moins en moins en espèces, dominé par de grandes entreprises américaines. Selon Die Welt, cette nouvelle monnaie pourrait rendre les paiements plus efficaces et réduire les frais pour les commerçants, tout en offrant aux citoyens un accès direct à une monnaie publique.
Cette initiative arrive à un moment où la concurrence mondiale s'intensifie. Aux États-Unis, les projets de monnaies numériques indexées sur le dollar, tels que soutenus par le « Genius Act », renforcent l'importance du dollar dans le commerce international. L'euro numérique représenterait une réponse européenne forte. Le Figaro précise que l'euro numérique serait comparable à un billet de dix euros : une monnaie à part entière émise par la BCE.
Contrairement à certaines croyances, l'euro numérique ne remplacerait pas les espèces. Les billets continueront d'exister, tout en offrant une alternative numérique qui serait, selon Christine Lagarde, conçue pour répondre aux attentes de confidentialité des consommateurs. Malgré l'absence d'anonymat, Die Welt affirme que la BCE ne collectera aucune donnée sur les transactions.
L'euro numérique serait conservé dans un portefeuille numérique sur un smartphone, ce qui faciliterait les paiements sans contact en magasin. Toutefois, pour les utilisateurs, cette monnaie ne produira pas d'intérêts, afin de maintenir l'attractivité des économies bancaires. Il est essentiel que les banques jouent un rôle clé dans le chargement de ces portefeuilles numériques.
La BCE estime que le coût du développement et d'exploitation de cet euro numérique pourrait atteindre environ 1,3 milliard d'euros, alors que les banques anticipent des coûts beaucoup plus élevés, pouvant atteindre jusqu'à 30 milliards d'euros, selon une étude de PwC. Joachim Schmalzl, de l'Association allemande des caisses d'épargne, souligne que ces frais pourraient être insupportables en période de crise économique. La crainte est que l'euro numérique ne diminue le rôle des banques dans le paysage des paiements, une préoccupation également partagée par le parlementaire européen Fernando Navarrete Rojas.
Alors que l'idée d'un euro numérique avance, le débat semble loin d'être terminé. La BCE cherche un équilibre entre modernisation des paiements et préservation du rôle des banques. Avec près de 200 milliards d'euros de bénéfices générés par le secteur bancaire européen ces dernières années, la question du futur développement de l'euro numérique reste cruciale pour l'économie européenne.







