Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se réunissent pour discuter d'un durcissement des règles migratoires. Les propositions présentées par la Commission visent à renforcer le contrôle des arrivées et des renvois de migrants. Parmi ces mesures, l'ouverture de « hubs de retour » situés en dehors de l'UE se distingue, ajoutant une nouvelle couche de complexité à la gestion des flux migratoires.
Face à la montée des partis d'extrême droite, l'Europe se prépare à durcir sa politique d'immigration. Les États membres examineront des textes qui permettraient, entre autres, de transférer les demandeurs d'asile dont les requêtes ont été rejetées vers ces centres externes. Une initiative soutenue par Rome qui vise à relancer le projet italien de « centre de remigration » en Albanie, un projet auparavant bloqué par la justice européenne.
En parallèle, la Commission envisage d'adopter des pratiques plus sévères à l'égard des migrants non coopérants, en allongeant les périodes de détention. Sur le papier, ces réformes promettent de renvoyer des migrants vers des pays jugés « sûrs », indépendamment de leur pays d'origine. Cette stratégie pourrait permettre à Bruxelles de mettre en jeu des avantages commerciaux pour inciter certains États à accueillir des migrants.
Une réalité complexe malgré une baisse des entrées irrégulières
Ces propositions interviennent dans un contexte où les entrées irrégulières en Europe ont chuté d'environ 20 % en 2024 par rapport à l'année précédente. Toutefois, la pression politique demeure forte, avec près de 80 % des personnes ayant reçu un ordre de quitter l'UE qui ne respectent pas cette directive, principalement en raison du manque de coopération de certains pays tiers. Le commissaire européen Magnus Brunner a exprimé la nécessité d'agir pour rassurer les citoyens sur le contrôle des frontières.
Bruxelles envisage également d'accroître le fardeau des pays le long des routes migratoires, comme la Grèce et l'Italie. Cela se traduirait par une obligation pour les États membres de recevoir des demandeurs d'asile ou de contribuer financièrement – jusqu'à 20 000 euros par demandeur – pour soutenir ceux déjà sous pression et n'ayant pas de capacité d'accueil.
Des voix critiques s'élèvent contre ces mesures
Cependant, cette nouvelle approche suscite des inquiétudes au sein d'organisations de défense des droits humains. Des associations comme Picum ont dénoncé des mesures qui risquent de mettre davantage de migrants en danger et de compromettre leurs droits fondamentaux. Silvia Carta, porte-parole de l'ONG, a souligné : « Au lieu d’investir dans la sécurité, l’UE met en place des politiques qui amplifient les risques pour ces populations vulnérables. »
La Cimade, une autre organisation engagée pour le droit des migrants, a aussi critiqué ces orientations : « Ces budgets pourraient être redéployés pour garantir un accès inconditionnel au territoire européen pour les migrants en détresse. » Ce sentiment est partagé par de nombreux experts qui appellent à une réévaluation des priorités des politiques migratoires en Europe. L'Union européenne se trouve ainsi à la croisée des chemins, alors que des milliers cherchent refuge et opportunités sur ses terres.







