Les cartels sud-américains, face à une explosion de la consommation de drogues sur le Vieux Continent, s'installent désormais en Europe pour produire directement leurs substances illicites. En témoigne l'opération menée le 7 novembre 2025 à Barcelone, où la police espagnole a démantelé une cellule du Tren de Aragua, l'un des gangs vénézuéliens les plus redoutés.
Cette cellule, qui employait à la fois Espagnols, Colombiens et Vénézuéliens, avait pour mission de développer le marché européen du narcotrafic. Parmi les arrestations, des « cocineros », ou chimistes, qui se chargeaient de la préparation de drogues, notamment d’une version synthétique de la cocaïne surnommée « tusi » ou « cocaïne rose ». La police espagnole alerte sur le fait que cette cellule aurait pu servit de tremplin pour une expansion plus vaste à travers l’Europe.
Une attraction grandissante pour l'Europe
Le phénomène observé avec le Tren de Aragua illustre un changement majeur dans le paysage du narcotrafic. Selon le journaliste Frédéric Saliba, spécialiste en criminologie, « l'Europe est vue comme un eldorado » pour les narco-trafiquants. Les cartels latino-américains, monopolistique de la production de cocaïne, peinent cependant à établir un réseau solide sur le continent. Cette situation favorise une convergence avec les mafias locales, créant des alliances inédites.
Dans les années 1990, les mafias italiennes contrôlaient totalement les importations, mais depuis les années 2000, la donne a changé. Aujourd'hui, les émissaires des cartels ne se contentent plus de négocier des routes de trafic, mais s'installent directement sur le territoire européen pour superviser leurs opérations.
Production locale et créativité des cartels
Les autorités européennes peinent à contrecarrer ce narcotrafic transatlantique, interceptant seulement une fraction des importations en raison de la quantité massive de conteneurs à traiter. Les narcotrafiquants font preuve d'une grande ingéniosité, comme l'importation de cocaïne sous forme liquide, menant à l'établissement de laboratoires clandestins sur le sol européen.
Ces petits laboratoires, qui vont des appartements loués à des installations temporaires dans des hangars isolés, deviennent la norme. Non seulement ils produisent de la cocaïne, mais également d'autres drogues comme la méthamphétamine, dont certaines sources affirment qu'elles sont destinées à des marchés lointains comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, selon Michel Gandilhon, expert en sécurité.
Une coopération nécessaire entre pays
Face à cette situation de cartellisation, les États européens collaborent de plus en plus avec leurs homologues d'Amérique latine pour durcir le cadre législatif. Néanmoins, selon Frédéric Saliba, il est crucial de comprendre que la lutte seul contre le trafic ne suffira pas pour éradiquer ces réseaux bien ancrés. « Une fois que ces organisations mafieuses prennent racine, les déloger devient une tâche monumentale », déclare-t-il.
En somme, l’Europe est désormais au cœur d’une bataille complexe et croissante contre le narcotrafic, un défi qui nécessite non seulement des mesures répressives, mais aussi une approche stratégique et collaborative à l’échelle internationale.







