Ce dimanche, les citoyens guinéens se déplacent vers les bureaux de vote pour élire leur président, quatre ans après l'accession au pouvoir de la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya, considéré comme le grand favori malgré ses promesses initiales de ne pas se porter candidat. L'absence d'opposants notables sur le bulletin électoral renforce ses chances, alors que des millions d'électeurs sont appelés à voter.
Au total, 6,8 millions d'électeurs doivent exprimer leur choix entre neuf candidats, dont Doumbouya, âgé de 41 ans, dont la victoire semble inévitable au regard des candidats moins connus qui se présentent face à lui. "Je suis ici pour accomplir mon devoir civique", a déclaré Collé Camara, un enseignant de 45 ans, parmi les premiers électeurs à se rendre aux urnes dans une atmosphère qu'il espère sereine.
Les forces de l'ordre ont mis en place un large dispositif de sécurité à travers la capitale, Conakry, avec des véhicules blindés, témoignant des tensions apparentes. Des membres d'un groupe armé ont même été neutralisés par les forces de sécurité, ayant été jugés menaçants pour la sécurité nationale.
L'opposition, quant à elle, a appelé à boycotter ce scrutin, qui se déroule plus de quatre ans après le coup d’État de septembre 2021, ayant écarté l’ancien président Alpha Condé. Des personnalités politiques telles que Sidya Touré et Dalein Diallo, toutes deux en exil, n'ont pas pu se présenter, et Diallo a fustigé ce qu'il qualifie de "mascarade électorale" dédiée à légitimer une autocratie croissante.
Selon Gilles Yabi, directeur de Wathi, un groupe de réflexion d'Afrique de l'Ouest, cette élection ne sert qu'à "confirmer le pouvoir du général Doumbouya" dans un environnement où l'ONU a dénoncé les intimidations qui émaillent le processus électoral. "La Guinée retourne à son passé autoritaire", a-t-il ajouté.
D'autres sources, notamment France24, ont souligné qu'une vague de répression des voix critiques a submergé le pays, exacerbant l'atmosphère de peur et d'incertitude. L'absence de l'opposition transforme ce scrutin en une simple formalité pour renforcer le pouvoir du général.
Les résultats provisoires de l’élection devraient être annoncés dans les 48 heures suivant le scrutin. Ce scrutin coïncide également avec des élections en Centrafrique, témoignant d'une tendance au sein du continent africain, marquée par l'autoritarisme et la marginalisation des oppositions.
Un enjeu majeur reste la participation des citoyens, qu'un analyste politique, Kabinet Fofana, estime cruciale. La récente approbation d'une nouvelle Constitution, lors d'un référendum contesté où la participation officielle était de 91%, a permis à Doumbouya de se porter candidat en prorogeant également la durée des mandats présidentiels.
Contrairement à d'autres régimes militaires de la région, tels que ceux du Mali ou du Burkina Faso, Doumbouya a maintenu des relations positives avec des alliés internationaux, y compris la France. Dans une allocution vidéo, il a souligné les projets d'exploitation d'une mine de fer au gisement de Simandou, projet qui pourrait générer d'importants revenus.
Comme le note Yabi, même si le développement des infrastructures séduit de nombreux Guinéens, cela ne garantit cependant pas une gouvernance stable ni équitable après le scrutin. En dépit de sa richesse en ressources minérales, la Guinée souffre d'une pauvreté persistante, avec plus de 52% de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté, selon les données de la Banque mondiale pour 2024.







