Le dimanche dernier, la Guinée a organisé une élection présidentielle au cours de laquelle le général Mamadi Doumbouya, leader de la junte militaire au pouvoir depuis 2021, se présente en grand favori. Malgré une participation estimée à 85% selon la Direction générale des élections (DGE), ce scrutin soulève des interrogations quant à sa légitimité, renforcées par l'absence des principaux opposants.
Environ 6,8 millions d'électeurs avaient la possibilité de choisir parmi neuf candidats, mais nombreux étaient ceux qui voyaient en Doumbouya le gagnant assuré, faute d'adversaires connus et en raison d'un contexte politique restrictif. Le taux de participation annoncé par la DGE a été qualifié de provisoire, suscitant déjà des doutes parmi les observateurs. Le scrutin a été prolongé jusqu'à 19h00, bien que certains bureaux aient fermé plus tôt, comme le rapportent des journalistes de l'AFP.
Dans plusieurs bureaux de vote de Conakry, l'enthousiasme semblait faire défaut. Au bureau numéro 1 de l'école Federico Mayor, aucun électeur ne s'est présenté au moment de la fermeture. Saliou, un chauffeur de camion, a déclaré à l'AFP : "On connaît le vainqueur, c'est Doumbouya. Donc je ne vois pas pourquoi je vais voter".
Les autorités militaires assurent que le processus s'est déroulé sans incidents majeurs. Doumbouya a voté dans le quartier de Kaloum, escorté par des forces de sécurité, sans faire de déclaration publique, une approche qui reflète le style de son mandat. Des mesures de sécurité considérables étaient en place, comprenant des véhicules blindés, pour prévenir toute forme d'agitation.
Les principaux leaders de l'opposition, dénonçant une "mascarade électorale", avaient appelé au boycott, soulignant que la nouvelle Constitution, adoptée par référendum en septembre, avait été conçue pour légitimer la prise de pouvoir du général. Cellou Dalein Diallo, opposant historique maintenant en exil, a fermement critiqué le processus, qualifiant les élections de "violations" de la démocratie.
Ce climat tendu, évoqué par des observateurs des droits de l'homme, rappelle une régression vers des régimes autoritaires que la Guinée a traversée depuis son indépendance en 1958. Gilles Yabi, directeur de Wathi, note que dans ce contexte, le scrutin vise principalement à "confirmer le pouvoir du général Doumbouya".
L'élection a été marquée par un usage de la force et de l'intimidation, comme déploré par l'ONU. De plus, alors que d' importantes promesses de développement et des projets d'infrastructure ont été mis en avant par les partisans du régime, la pauvreté reste un problème majeur, affectant plus de 52% de la population, selon les données de la Banque mondiale pour 2024.
Le scrutin guinéen s'inscrit dans une série d'élections à enjeux élevés sur le continent africain, où la tendance à l'autoritarisme se renforce. Dans un climat déjà fragile, l'avenir du pays repose sur les résultats de ce scrutin, dont les résultats finaux devraient être connus sous 48 heures.







