Pour la première fois depuis la conquête d'El-Fasher par les rebelles, une équipe de l'ONU a visité cette ville dévastée, dont l'état alarmant pourrait passer inaperçu sans vigilance internationale. En novembre, l'ONU a déclaré que la famine sévissait dans la région, mais le tableau s'assombrit encore davantage au fur et à mesure que les témoignages de survivants font surface.
Après avoir été assiégée pendant près de dix-huit mois par les Forces de soutien rapide (FSR), El-Fasher apparaît aujourd'hui comme un « fantôme de son ancien soi », selon Denise Brown, la coordinatrice humanitaire de l'ONU. Dans une récente déclaration à l'Agence France-Presse (AFP), elle a décrit la ville comme une « scène de crime », où des infrastructures et des vies ont été complètement détruites.
La ville, qui comptait plus d'un million d'habitants avant la guerre, a enduré des atrocités inimaginables. Fin octobre, les FSR ont pris le contrôle de la ville dans un ultime effort offensif, caractérisé par des exécutions, des pillages, et des viols. Puis, un black-out d'informations a frappé la région, isolée du reste du monde, ce qui a exacerbé l’indifférence internationale face à cette crise humanitaire.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 107 000 personnes ont fui la ville, laissant derrière elles familles et amis. Lors de leur visite, l’équipe de l’ONU a rapporté que les survivants vivent dans des conditions « indignes et périlleuses », se refugiant sous des bâches en plastique. « Nous avons rencontré des personnes traumatisées, sans accès à l'eau potable, et vivant dans la peur constante », a déclaré Brown.
Dans une analyse de la situation, plusieurs experts en droits humains soulignent que la situation pourrait se détériorer davantage si aucune aide n'arrive rapidement. En décembre 2025, l'Organisation mondiale pour les migrations a averti que les conditions de vie sont si critiques que des habitants sont réduits à se nourrir de nourriture pour animaux, une tragédie qui aurait pu être évitée.
Des images satellites et des rapports d'autres organisations comme Human Rights Watch confirment des exécutions sommaires et la découverte de fosses communes. Denise Brown a insisté sur le fait qu'il est crucial de rassembler suffisamment de données pour préparer un rapport complet assorti de recommandations concrètes sur les atrocités commises, afin de solliciter une action internationale au plus vite.
Alors que la guerre au Soudan a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et déraciné environ 11 millions d'autres, l'ONU confirme que l'état de famine et la crise humanitaire généralisée à El-Fasher constituent un signal d'alarme évident pour la communauté mondiale. Il est impératif que des mesures soient prises au plus vite, alors que des millions de vies sont en jeu.







