Le général Mamadi Doumbouya, à la tête de la junte militaire guinéenne, a été élu président lors d'un scrutin marqué par l'absence de figures de l'opposition et un contexte tendu. Les résultats préliminaires font état d'une victoire écrasante pour Doumbouya, avec 86,72% des voix. Ce scrutin, qui a vu la participation atteignant 80,95%, a été critiqué par l'opposition, qui avait appelé à boycotter une élection jugée « illégitime ».
Les principaux leaders d'opposition, dont Alpha Condé, ancien président, sont actuellement en exil et n'ont pas été autorisés à se présenter. Les réactions après l'annonce des résultats sont restées discrètes, avec peu de manifestations dans les rues de Conakry, fait noté par de nombreux journalistes présents.
Les observateurs internationaux, dont ceux de l'Union africaine, ont décrit le scrutin comme « crédible », malgré les critiques sur le climat politique réel du pays, où la répression a fortement augmenté depuis la prise de pouvoir de Doumbouya en 2021. Les partis d'opposition sont étouffés, avec plusieurs leaders emprisonnés ou forcés à l'exil.
« Les conditions dans lesquelles ces élections ont eu lieu soulèvent des questions fondamentales sur la démocratie en Guinée », a commenté un analyste politique de la région. Les élections de ce dimanche viennent clore une année déjà riche en événements électoraux en Afrique, note RFI, marquée par des tendances autoritaires croissantes.
La nouvelle Constitution, adoptée lors d'un référendum en septembre, a permis la participation de membres de la junte aux élections, ouvrant ainsi la voie à la candidature de Doumbouya. Cette Constitution a également modifié la durée des mandats présidentiels, ce qui a incité certains experts à avertir d'un risque d'ancrage du pouvoir.
Alors que Doumbouya se promet de ramener la paix et l’ordre constitutionnel, des défis majeurs se dressent devant lui. La Guinée, riche en ressources minérales, demeure instable, avec plus de 52% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, un paradoxe alarmant malgré les richesses naturelles du pays. Les espoirs de développement économique reposent désormais sur des projets comme l'exploitation du gisement de Simandou, qui pourrait transformer l'économie nationale.
Ce qui est certain, c'est que le chemin vers un retour à une gouvernance démocratique en Guinée semble semé d'embûches. En dépit des succès économiques potentiels, les violations des droits de l'homme et la répression de l'opposition pèsent sur l'avenir politique du pays. Le jugement de la communauté internationale et des Guinéens sur le régime Doumbouya pourrait bien dépendre de sa capacité à naviguer ces défis avec prudence et responsabilité.







