Le lancement des festivités de Noël à Béziers (Hérault) a pris un tour inattendu ce samedi, alors que la crèche au sein de la cour de l'hôtel de ville a déclenché des protestations. Tandis qu'une trentaine de jeunes chanteurs de La Trinité se produisait depuis une estrade, des manifestations se faisaient entendre à proximité, illustrant le clivage entre tradition et laïcité.
« La crèche, c’est super ! Mais pas ici », pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies par les manifestants. Sophie Mazas, avocate et militante de la Ligue des Droits de l'Homme de l'Hérault, a clairement indiqué : « Au nom du principe de laïcité, une crèche n'a pas sa place dans la cour d'un hôtel de ville, comme le stipule la loi de 1905 ». Cette dernière marque cette année les 120 ans de la séparation des Églises et de l’État.
« Le préfet ignore les ordonnances »
« Cela fait plus d'une décennie que le maire de Béziers ne respecte pas les décisions de la justice administrative. La dernière en date, rendue par le Conseil d'État en 2025, a interdit l'installation d'une crèche à la mairie », déclare Sophie Mazas. L’avocate appelle le préfet à faire respecter la législation, affirmant que la Ligue continuera ses recours.
Le maire de Béziers, Robert Ménard, connu pour ses positions controversées, en est à sa onzième crèche. Une seule fois, en 2017, il a obéi à une ordonnance du tribunal administratif de Montpellier en déplaçant la crèche, qu'il laisse maintenant sur roulettes pour un éventuel déplacement futur. « Ils manifestent cette année comme si par miracle cela coïncidait avec des élections à venir », a-t-il déclaré, visiblement agacé.
Ménard affirme que la crèche est attendue et appréciée, expliquant : « Nous proposons un livre d’or qui récolte entre 20 000 et 25 000 signatures chaque année. C'est un moment de rassemblement pour la communauté ». Il a également souligné son engagement à respecter toutes les traditions, signalant qu'il accueillera prochainement la communauté juive pour Hanoukka.
Au fur et à mesure que la nuit tombe, une foule grandissante se rassemble sur le parvis de l’hôtel de ville. Évelyne, une Catalane venue de Perpignan, exprime : « Ça fait partie des traditions, c’est agréable pour les enfants. Il y a des préoccupations plus graves ». George, un retraité biterrois, renchérit : « Ça ne dérange personne. Pourquoi enlever une tradition à cause de quelques opposants ? Je ne suis pas croyant, mais c'est une fête ».
Cependant, certains, comme Julien, 22 ans, reconnaissent que le principe de laïcité est essentiel. « Je comprends le mécontentement, même si cela rappelle de bons souvenirs d’enfance », se souvient-il.
La situation à Béziers soulève des questions cruciales sur la manière dont la société française gère la coexistence de la tradition et des principes laïques, un débat qui semble prendre de l'ampleur à l'approche des élections. Des voix s'élèvent pour rappeler que la richesse de la France réside dans sa diversité, mais aussi dans son respect des lois républicaines.







