À son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron a rapidement placé le renseignement économique au cœur de sa stratégie. Cette décision marque un tournant dans la gestion du pouvoir en France, selon les auteurs du livre-inquiète, "Les espions du président". Antoine Izambard et Pierre Gastineau, journalistes spécialisés dans le renseignement, explorent ce culte du secret qui entoure le président et sa manière de gouverner.
Emmanuel Macron a développé une passion pour le renseignement économique dès ses débuts à Bercy en 2014, période où l'espionnage économique, particulièrement par la Chine et la Russie, prenait un essor significatif. À cette époque, il a instauré un système de protection pour contrer les actions de Huawei sur le territoire français.
Cela a été un signal fort de son engagement dans ce domaine. Lorsqu'il est arrivé à l'Élysée, Macron a tout de suite voulu centraliser le renseignement économique, le rendant ainsi primordial pour sa gouvernance. Ceux qui l'entourent témoignent de son intérêt marqué pour cette thématique, révélant une compétence qui les a souvent surpris.
Le président a mis en place une revue quotidienne des informations provenant des différents services de renseignement, un bulletin qui lui est présenté par la coordination nationale du renseignement. Cela inclut des notes des services tels que la DGSE et la DGSI, les accompagnant d'analyses sur des menaces potentielles à la sécurité nationale.
« Le bulletin quotidien est un outil indispensable », explique Pierre Gastineau. « Il permet à Macron d'être informé en temps réel des enjeux de sécurité économique et militaire. Il va même jusqu'à annoter les notes de ses espions, demandant des précisions et même des actions concrètes à entreprendre. » Cette attention au détail tranche avec l'attitude de précédents dirigeants, souvent moins impliqués dans les détails du renseignement.
Selon les experts, ce changement de mentalité au sein de la présidence représente une avancée, mais pose également des questions sur la concentration du pouvoir. Ce ressenti est partagé par plusieurs analystes, qui soulignent les risques liés à une gouvernance très personnelle, où l'initiative est centralisée autour d'un petit groupe. Comme le souligne le quotidien "Le Monde", cette approche refait résonner des échos des méthodes de l'ancien président Georges Pompidou, qui lui aussi a utilisé les services secrets avec une main de fer.
À l'heure où la guerre de l'information est devenue omniprésente et où l'espionnage industrialisé prend de l'ampleur, il reste à voir l'impact à long terme de cette volonté de renforcer le renseignement économique sous la présidence de Macron. Toutefois, cette stratégie pourrait redéfinir la manière dont la France aborde ses relations internationales et sa sécurité intérieure dans les années à venir.







