Dans le Calvados, l’usine Amand-Bianic fait un pas audacieux vers un avenir durable. En effet, face aux défis liés à l’eau, cette usine spécialisée dans la production d’andouilles et d’andouillettes envisage d’envoyer ses eaux usées, préalablement retraitées, vers la société de béton voisine, Cemex. « Notre but avec le projet Re-Use est d’éliminer la nécessité de pomper de nouvelles ressources pour béton », déclare Romain Legrand, responsable production Basse-Normandie chez Cemex.
Ce projet a pris forme dans le contexte de la sécheresse de 2022, un événement climatique qui a considérablement impacté la région. Nicole Desmottes, la maire de Vire-Normandie, souligne que cette crise a incité les entreprises locales à adopter des pratiques plus durables. « Nous avons réduit la consommation d’eau de notre site de 15 %, tout en augmentant notre production de 260 tonnes », précise Maxime Mouriaux, directeur industriel Est du groupe Popy, propriétaire d'Amand-Bianic.
Initialement, l'idée de transporter l'eau via un pipeline semblait simple, mais des complications sont rapidement apparues. Malgré l'existence d'une station de traitement sur place, les eaux contenaient des niveaux de sel et des résidus de produits de nettoyage jugés inappropriés pour la fabrication du béton. Les odeurs de l’andouille n'aidaient également pas à la réputation du béton produit.
Des solutions innovantes en cours
Pour surmonter ces défis, l'école d'ingénieurs Builders et l'entreprise Scienteama sont intervenues, soutenues par la région Normandie. Grâce à leurs efforts, des solutions prometteuses émergent. « Le sel n’est plus un problème, mais nous travaillons encore sur la question des odeurs », ajoute Benoît Agnus, président de Scienteama. Un brevet est en cours, ouvrant la voie à une machine qui pourrait traiter des volumes d’eau plus importants.
L’impact potentiel de cette innovation est majeur : Cemex consomme en moyenne 173 litres d’eau par mètre cube de béton, produisant environ 100 mètres cubes chaque jour. Les eaux usées de l’usine Amand pourraient donc répondre à une part significative de ces besoins, si le prototype s'avère fonctionnel.
Cette initiative s'inscrit dans une tendance plus large vers la durabilité dans le secteur industriel. Les experts s'accordent à dire que la réutilisation des ressources est cruciale pour faire face au changement climatique. « Il est temps pour les entreprises de voir l’eau comme un bien précieux et de repenser leur manière de l’utiliser », conclut un spécialiste du développement durable.







