Dans la commune du Petit-Quevilly, en Seine-Maritime, un projet innovant a vu le jour depuis plus de cinq ans : le crématorium local n'est pas seulement dédié aux adieux, mais joue un rôle fondamental dans le chauffage de plus d'une centaine de logements. C'est une initiative singulière en France qui a émergé grâce à un réseau de canalisations reliant le crématorium à des habitations voisines.
Depuis 1974, cette infrastructure est corrélée à l'usine d'incinération des déchets de la ville, permettant ainsi de réutiliser la chaleur générée. Avec l'ouverture du crématorium en 2020, cette chaleur additionnelle a transformé le système existant, renforçant son efficacité. Charlotte Goujon, la maire socialiste de la commune, souligne : « Nous avons souhaité que l'énergie utilisée pour le fonctionnement du bâtiment ne soit pas perdue ». Les autorités locales, soutenues par la métropole de Rouen, ont reconnu l'intérêt environnemental et économique d'une telle démarche. Selon Gwenaëlle Salaün, ingénieure territoriale, « il a fallu expliquer le fonctionnement de ce système aux habitants et aux politiciens, car c'était un projet un peu audacieux ».
Une initiative bien accueillie par les habitants
Au moment de l'annonce du projet, les riverains étaient plus préoccupés par des questions techniques que par des préoccupations éthiques. Les interrogations portaient principalement sur le bruit et la qualité de l'air. Les fours crématoires peuvent atteindre des températures de 790 à 900 degrés Celsius durant un cycle d'incinération de 90 minutes, produisant ainsi une chaleur que l'on souhaite récupérer. Christian Longuemare, responsable du service chaleur à la métropole, explique : « L'objectif est de capter une partie de la chaleur produite par la combustion du gaz au lieu de la laisser s'échapper ». Cela permet de maintenir des factures de chauffage stables pour les résidents, même en période de hausse des prix de l'énergie, notamment après le conflit en Ukraine.
Le coût de mise en place de ce système innovant a été d'environ 100 000 euros pour la collectivité, une somme considérée comme un investissement pour l'avenir, dont bénéficie directement la communauté locale. Aujourd'hui, le crématorium du Petit-Quevilly offre un modèle de durabilité en intégrant des pratiques respectueuses de l'environnement tout en répondant à des besoins fondamentaux des habitants. C’est ainsi que, harmonieusement, ce lieu de mémoire contribue à la vie quotidienne.







