Dès ce mercredi, la Chine met en œuvre des droits de douane allant de 5 à 20 % sur les importations de porc en provenance d'Europe. Cette décision survient seulement dix jours après la visite d'Emmanuel Macron à Pékin, et marque une escalade supplémentaire dans les tensions commerciales entre la Chine et l'Union européenne.
Une menace pour l'industrie porcine chinoise
Selon le ministère du Commerce chinois, une enquête menée depuis juin 2024 a révélé que les pratiques de dumping des produits porcins européens nuisent gravement à l'industrie locale. Le rapport indique : « les importations de porc et de leurs sous-produits ont engendré des dommages significatifs à l'industrie nationale, établissant ainsi un lien direct entre ces pratiques et les préjudices subis ».
Les droits antidumping s'appliqueront pour une durée de cinq ans, à compter du 17 décembre 2025, selon le communiqué officiel du gouvernement.
Une réplique aux taxes européennes sur les véhicules électriques
Cependant, ce nouvel obstacle pour le porc européen ne fait que répliquer à la décision récente de l'UE d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques fabriquées en Chine. Ces mesures ont été interprétées comme une réaction aux préoccupations européennes sur les subventions accordées par le gouvernement chinois à son industrie automobile, considérées comme une concurrence déloyale.
Les investigations lancées par la Chine concernant le porc étaient initialement considérées comme une mesure temporaire. Cependant, elles ont pris une tournure plus sérieuse suite aux tensions croissantes entre les deux géants économiques. Parallèlement au porc, la Chine examine également d'autres produits européens comme le cognac et les produits laitiers, accentuant ainsi la fragilité des relations commerciales.
Les producteurs européens inquiets
Avec la Chine en tant que premier consommateur mondial de porc, les conséquences de cette politique sont préoccupantes pour les exportateurs européens, en particulier pour l'Espagne et la France. En 2022, l'Espagne a exporté pour 516 millions d'euros de produits porcins vers la Chine, tandis que la France a expédié 115 000 tonnes, une part significative de ses exportations totales.
Des professionnels du secteur, de l'Espagne et de la France, ont exprimé leur mécontentement face à ces nouvelles taxes, précisant qu'ils ne se livraient pas à des pratiques de dumping. Ils soulignent que les consommateurs chinois paient souvent des prix plus élevés pour des produits spécifiques tels que les pieds ou les oreilles de porc, souvent moins prisés en Europe. Comme l'indique un article du Midi Libre, cette situation n'est pas seulement une question de commerce, mais aussi de gestion des relations internationales.
Un contexte économique tendu
L'impact de ces droits de douane pourrait exacerber les désaccords entre l'UE et la Chine, particulièrement dans un contexte où l'Union affiche un déficit commercial avec la Chine de 357,1 milliards de dollars. Les divergences de positions sur des sujets tels que la guerre en Ukraine ajoutent encore une couche de complexité à ces relations déjà tendues. La Chine demeure sourde aux pressions européennes de régler la situation en Ukraine, ce qui rend l'avenir des relations commerciales encore plus incertain.







