« Où pouvons-nous aller ? » C'est la question désemparante d'Oum Ahmed, une mère de cinq enfants, alors que les bombardements israéliens continuent de dévaster son village dans le sud de Gaza. Dans des zones comme Khan Younès, la tranquillité d'un cessez-le-feu précaire s'estompe sous le bruit des frappes aériennes et des tirs d'artillerie.
Ces bombardements ciblent des secteurs à l'est, situés dans ce qui est désigné par les militaires comme le « côté israélien » de la « ligne jaune ». Cette nouvelle démarcation, créée par les accords de trêve avec le Hamas, sépare les territoires encore occupés par les forces israéliennes de ceux où elles se sont retirées.
Sur ces zones sous contrôle israélien, des dizaines de milliers de Palestiniens survivent dans des conditions précaires, souvent sous des tentes ou dans des maisons déjà détruites après des années de conflit. Beaucoup craignent d'être contraints de fuir davantage à l'ouest, dans des camps déjà saturés.
« Nous ne dormons pas à cause de la peur », confie Oum Ahmed, dont la maison est complètement anéantie. Au lieu de s'aventurer vers des lieux plus sûrs, elle choisit de rester là où elle est, face à l'inconnu qui l’effraie encore plus. « Il n’y a pas de place, pas assez de nourriture ou d’eau là-bas », dit-elle, alors que Gaza subit une grave crise humanitaire.
Depuis le déclenchement des hostilités le 7 octobre 2023, la violence a fait plus de 70.000 morts, selon des données fournies par le ministère de la Santé de Gaza. Cette guerre a déplacé la majeure partie de la population gazaouie, qui compte 2,2 millions d'habitants.
La « ligne jaune », qui semble désormais jouer le rôle d’une nouvelle frontière pour les Palestiniens, est en effet perçue par les autorités israéliennes comme une ligne de défense. Cette stratégie a été affirmée par le chef d'état-major israélien, Eyal Zamir : « C’est une ligne d'attaque et de défense à la fois », indiquant un plan clair de sécurisation du territoire israélien.
En réponse à l’aggravation des tensions, le maire de Khan Younès, Alaa al-Batta, a condamné les bombardements israéliens qui, selon lui, violent les accords de cessez-le-feu. « Ces frappes visent à faire partir les habitants et à les empêcher de se déplacer », explique-t-il.
Mahmoud Baraké, un résident de 45 ans, partage ce sentiment. « Les explosions sont si près que nous avons l’impression d’être la cible », affirme-t-il. Pour Abdel Hamid al-Fara, 70 ans, la décision de rester est un acte de résistance. « C’est notre terre. Se déplacer n’apporterait que le malheur et une nouvelle tragédie », conclut-il, déterminé, malgré la menace qui pèse sur lui.
Alors que la situation demeure volatile, les expertises divergent, mais tous s’accordent sur un point : les populations civiles sont piégées dans un conflit qui semble sans fin. Les discours politiques promettent des solutions, mais la réalité sur le terrain montre une humanité en crise, suspendue entre espoir et désespoir.







